samedi 24 décembre 2011

Moyennes



Je travaille à 350km de chez moi. Le matin, je prends le TGV pour arriver en plein coeur de Paris et puis, après 15 min de métro, j'arrive au bureau. Le soir, je refais le même chemin en sens inverse. Si on compte les distances absolues parcourues par jour, j'en fait 700 km en moyenne par jour de travail.

Mais si on tient compte du sens des déplacements, avec l'origine d'un axe imaginaire "dodo-boulot" placée dans ma maison, en moyenne, je ne bouge pas de chez moi.

Si l'exposition "Des jouets et des hommes" au Grand Palais était visitée exclusivement par des enfants accompagnés de leurs grands parents, la moyenne d'âge des visiteurs serait entre 30 et 35 ans.

Si vous jouez au loto ou dans un casino, vous savez que la moyenne des gains (les pertes comptées comme des gains négatifs) est nulles ou très très légèrement négative, juste de quoi mettre du beurre dans les épinards des propriétaires des casinos. Mais vous jouez quand même...

Alors quand le ministre de l'éducation Nationale, Luc Chatel, nous a expliqué sur France Inter qu'
"il y avait plus de professeurs et moins d'élèves qu'en 1990"
et
que donc :
"il y a moins d'élèves par classe, en maternelle, en primaire, en collège, et au lycée, contrairement aux caricatures que l'on entend ici ou là"
on ne voit vraiment pas de quoi se faire des noeuds au cerveau à cause des suppressions des postes d'enseignants. Et puis qu'est ce qu'on a du temps à perdre à débattre pour savoir s'il dit vrai ou faux. Ce n'est pas lui qui le dit, ce sont les chiffres: l'INSEE est là pour confirmer.

En théorie des probabilités on a un autre terme pour désigner la moyenne : " l'espérance mathématique". J'aime bien ce mot, l'espérance. C'est comme quelque chose qu'on espère: espérance de vie, espérance de gains, espérance de nombre d'élèves par classe.

On devrait rebaptiser l'INSEE en "Institut de l'Espérance Nationale" et le ministre de l'EN en "Ministre des chiffres qui parlent".


jeudi 22 décembre 2011

Titanic


Le Titanic a été mis à l'eau avec un nombre de canots de sauvetage insuffisant. Dans sa conception, on n'en a pas prévu assez et tout le monde le savait. Mais il était impensable qu'un tel bateau coule. Il était conçu pour être sans faille. Seulement, il a coulé...

L'économie occidentale d'après-guerre, et en particulier la française, est comme un Titanic, bâtie dans l'idée qu'elle serait insubmersible. Et voilà: à peine quelques glaçons apparus en vue et c'est la zizanie dans les cabines du haut commandement. Qui aurait pu prévoir que l'hiver viendrait et qu'il ferait froid?

Leçon "Titanic" numéro 1 : surtout ne pas affoler le public. "Mesdames et Messieurs, nous allons devoir nous serrer légèrement la ceinture et faire une petite cure d'amaigrissement (c'est bon pour votre santé!) car les passages entre les icebergs s'avèrent plus étroits que prévu!".

Et pendant ce temps, leçon "Titanic" numéro deux: on profite de l'effet annonce pour jeter du leste sous prétexte de mesures de restrictions budgétaires, acceptées par l'opinion. Quels genres de mesures? On coupe, par exemple, les financements aux organismes para-médicaux spécialisés dans l'accueil d'enfants atteints de maladies rares. Autrement dit, on jette en douce pardessus bord ceux qui ne savent pas nager.

Il se trouve que le fils aîné de nos amis, Alex, est atteint du syndrome d'Angelman. Il a été jusqu'à il y a peu suivi à l'EMP de Levallois-Perret (92) par une assistante d'éducation spécialisée. Un documentaire lui a été consacré par France 5 en 2010, quand tout allait bien... Les financements de l'organisme dont dépend le centre ont été réduits de façon drastique: il n'y a plus de budget pour Alex. Ses parents n'ont d'autres recours qu'à appeler aux dons pour récolter les fonds nécessaires au maintien de l'emploi de l'assistante.

Comment ça se fait que l'Etat donne de l'argent aux banques privées qui ont fait des erreurs qu'elles ne veulent pas assumer et en même temps il n'y a pas de fonds pour aider ceux qui sont dans le besoin sans erreur de personne?

vendredi 25 novembre 2011

Rencontre du troisième type


A en croire la presse, ils sont là, parmi nous. Les extraterrestres. Et ils ne sont pas du tout verts et gluants comme on pourrait le croire. Ils nous ressemblent même un peu. Ils ont l'air de jeunes humains tout à fait ordinaires. On les appelle d'ailleurs comme ça : "les jeunes".

Mais les français, visiblement ne sont pas vraiment convaincus par ces apparences. D'après un récent sondage ils ont une impression plutôt mitigée de ces étrangers qui nous tombent du ciel. Les français leur trouvent plein de vilains défauts: ils sont égoïstes, paresseux, intolérants... bref, pas du tout comme nous , en fait. Bien sûr, on reconnaît que ces "jeunes" n'ont pas choisi la meilleure période pour débarquer en France. On a la crise ici et l'accueil n'est peut être pas forcément bienveillant pour ces populations en quête de place parmi nous.

Et puis, on apprend aussi, qu'ils sont porteurs de maladies bizarres : la textonite aiguë, par exemple. Dans leur monde, ils ont d'étranges habitudes: ils n'arrêtent pas de jouer avec un tas de gadgets technologiques. Ils s'envoient des centaines de messages par jour, ils s'amusent avec des jeux électroniques bizarres. Et comme ici, sur Terre, ils sont obligés de le faire en cachette, pour avoir des attitudes d'humains normaux, cela leur cause des problèmes de dos et autres. C'est terrible!

Mais, cette rencontre des français avec "les jeunes" et le fait qu'ils ressemblent tellement à des jeunes terriens, devrait peut être devenir une occasion pour porter aussi un regard critique sur notre propre façon d'éduquer nos enfants. Il serait peut être temps d'analyser non seulement leurs défauts et faiblesses mais aussi les causes. Et de chercher ces causes dans le rapport que les adultes ont avec leurs enfants. Sommes nous vraiment capables de leur enseigner autre chose que notre propre égoïsme, notre intolérance, notre haine des autres?


samedi 15 octobre 2011

Jalousie


Une réaction tardive mais qui ne me laisse pas tranquille à une enterview publiée par Le Monde en septembre avec Bruno Sire, président de l'université Toulouse 1 Capitole. Voici que survient la fameuse question sur la sélection et voici la réponse:

"Que reprochez-vous à la sélection telle qu'elle est pratiquée en France, et notamment en classes préparatoires ?

Les prépas sont un scandale. Toute une vie se joue dès les premiers trimestres de première, voire un peu en terminale, à l'issue desquels on est ou pas accepté en prépa. Comment peut-on jouer sa vie à 16 ou 17 ans ? Comment tout peut-il sedécider à un âge aussi difficile ? Ceux qui auraient bénéficié d'une stabilité familiale auraient tous les postes et pas les autres ?

Et ensuite, il faudrait travailler pendant 2 ans sur un principe d'humiliation. S'entendre dire "tu es nul, tu mérites 2/20" alors qu'on avait 18/20 en terminale ? On connaît trop d'élèves soufrant de troubles psychologiques en prépas. Sanscompter la frustration que tous vivent finalement à l'exception de ceux qui sortent dans les meilleurs de Polytechnique ou de l'ENA."

C'est à croire que les prépas sont une sorte Club Med pour les gosses de riches où on offre des postes à vie en guise de cadeaux de bienvenue avec des crayons de couleurs et des coloriages pour passer le temps. On y travaille quand même, en prépas, et beaucoup. Ces propos sont une insulte à tous ceux qui n'ont pas eu la chance de bénéficier dans leur vie de cette foutue "stabilité familiale" et qui ont choisi de devenir ingénieur, qui ont été acceptés en prépas, puis en école d'ingénieur, qui y ont travaillé dur pour réussir leurs études et apprendre un métier. Leurs postes, ils les ont parce qu'il les méritent et il n'y a aucun mal à cela.

Et quand la fac pratique la sélection, en médecine, par exemple, ce n'est pas un scandale? "L'université doit donner sa chance à tout le monde.". Bien sûr, et surtout à toutes les prépas de médecine qui fleurissent autour du fameux concours. Et les derniers échos des suicides dans la fac de médecine à Poitiers ne poussent pas à croire que l'ambiance est à la fête à l'Université. Dire qu'il n'y a pas de sélection à la fac est faux et hypocrite. Bien sûr que les facs font le tri, toutes disciplines confondues. Des accords, conventions, montages plus ou moins compliqués et obscurs sont de plus en plus nombreux pour créer des filières d'excellence, souvent en double diplôme avec des écoles d'ingénieur ou de commerce. Seuls les meilleurs étudiants y accèdent.

Et enfin, pourquoi vouloir à tout prix faire croire aux jeunes générations que tout se joue à 16-17 ans. Ce n'est pas vrai: on peut changer de filière, d'orientation, on a le choix. On peut faire une licence en Université et entrer dans une école d'ingénieur après, on peut faire une prépa et choisir de finir sa formation à la fac. Mais non, au lieu d'informer correctement sur toutes les possibilités, la communication ambiante fait tout pour plomber les ailes à ceux qui ont tout juste l'age de s'envoler avec la peur de l'échec. On ne vole pas librement si on est persuadé qu'en cas de chute on ne peut plus se relever. Pourquoi alors cette campagne de pub de l'Etudiant dans le métro parisien à la rentrée : «Êtes-vous vraiment fait pour le métier que vous risquez de choisir ?" . Dans notre société qui a pour idéal "le risque zéro", le choix des mots d'un tel slogan a un poids énorme.

Pour en revenir aux paroles du Président de l'Université de Toulouse, je trouve que le scandale n'est pas dans le fait qu'il y ait en France différents systèmes d'enseignement supérieur, que les uns pratiquent la sélection ouvertement et les autres non. Ce qui est scandaleux à mes yeux c'est de voir les responsables de l'enseignement supérieur se livrer dans les médias aux querelles de clochers stériles au lieu de mener un débat de fond. Les problèmes ne manquent pas, quel que soit le parcours (école d'ingénieur, de commerce ou université). On s'attend de la part des intellectuels qui dirigent les établissements une réflexion impartiale et dans l'intérêt de tous les étudiants sur les moyens d'améliorer la situation.





Sans voix



Je suis restée sans voix, en entendant ce matin la "pub" que la SNCF fait à la radio pour le prochain changement d'horaires, en décembre. "Attention! ", dit la gentille voix de la SNCF à une jeune fille qui veut prendre son train de 17h41, "A partir du 11 décembre la SNCF change ses horaires! Ton train de 17h41 partira à 17h36".

Oh, que c'est mignon! J'en avais presque envie de pleurer! Pleurer parce que la réalité de ce changement est tout autre! De nombreux trains ou des arrêts sont purement et simplement supprimés, et ceux qui restent ont des horaires complètement décalés du rythme actuel. Dans ma ville, sur la ligne Paris-Bordeaux, tous ceux qui dépendent des TGV pour leur travail sont scandalisés. Par exemple, au lieu de trois trains pour Paris le matin, répartis entre 7h et 10H , il n'en reste que 2: à 6h30 et à 7h10.

Et un changement aussi important d'horaires, qui concerne toutes les régions, est annoncé au grand public en octobre, quand la rentrée est faite, quand tous ceux qui dépendent des trains ont organisé leurs journées, leurs activités en fonction.

Il y a certainement des raisons très importantes à ce changement, je veux bien. Mais au moins, la SNCF aurait pu épargner à ses usagers l'hypocrisie de sa "communication", ce serait vraiment sympa.



mardi 6 septembre 2011

Maman, on fait une partie d'échecs?



Depuis cet été, je suis de corvée "échecs" presque tous les soirs: mon fils s'est découvert une passion pour ce jeu. C'est avec un petit pincement au coeur ( et un grand plaisir!) que j'ai dû ressortir des coins un peu poussiéreux de ma mémoire les souvenirs de ma jeunesse, où je jouais dans un club à un bon niveau. L'idée me vient alors de trouver peut être un bouquin d'initiation à offrir à mon fils pour l'aider à structurer un peu son apprentissage. Et voilà que je tombe sur ce titre: "Comment battre Papa aux échecs".

Même s'il me fait tiquer je regarde quand même de plus près, histoire de voir comment un tel livre est présenté:
La meilleure façon de gagner aux échecs, c'est encore de faire mat ! On peut très bien y arriver même contre un adversaire difficile, que ce soit Papa ou un copain qui joue depuis longtemps. [...] On trouve même des conseils pour progresser encore... et quelques idées au cas où Papa serait le meilleur joueur du monde ! Le seul prérequis est de connaître les règles du jeu, mais même des joueurs expérimentés auront plaisir à retrouver la fascination du mat dans une présentation claire et agréable. Un livre que Papa empruntera !
Et si la petite soeur a aussi envie de jouer? Elle n'a qu'à aller battre maman au rangement de la dînette?



vendredi 26 août 2011

Bienvenue dans l'avenir



Vous connaissez certainement cet objet, tout à fait commun, fait de carton et de papier, que l'on met sur des étagères pour les décorer?

J'ai reçu d'une collègue cette intéressante information. Il s'agit d'une idée tout à fait audacieuse, insolite et très prometteuse qui fera certainement de cet objet le bijou technologique de demain







Je me réjouie déjà à l'idée de voir cette invention merveilleuse envahir nos maisons!



jeudi 25 août 2011

Vérité

Une citation entendue ce soir sur France Inter dans une émission consacrée à Romain Gary:

Je vomis toutes les vérités absolues et leurs applications totales. Prenez une vérité, levez-la prudemment à la hauteur d'homme, voyez qui elle frappe, qui elle tue, qui elle épargne, qu'est-ce qu'elle rejette, sentez-la longuement, voyez si ça ne sent pas le cadavre, goûtez en gardant un bon moment sur la langue - mais soyez toujours prêt à rechracher immédiatement. La démocratie, c'est le droit de recracher...
de Romain Gary,
dans "La marge humaine",
entretien avec Jean Daniel, 1957
Fascinant...



samedi 13 août 2011

Pourquoi?


J'ai fait une observation intéressante cet été, en faisant quelques exercices amusants de maths avec mon fils.

Il entre au collège dans quelques semaines. Son parcours à l'école a été sans obstacles et en maths il a toujours très bien réussi. Aux évaluations nationales en CM2 il a obtenu un des meilleurs scores de son école: au delà des 80 points sur 100. Tout cela pour dire que je peux considérer que ses connaissances, en mathématiques en particulier, sont tout à fait conformes aux exigences des programmes. Ce n'est pas un élève faible, c'est un élève "normal".

Et voilà qu'à plusieurs reprises en lisant l'énoncé d'un problème il se met aussitôt à poser et effectuer des opérations pour m'annoncer un résultat et que une question simple de ma part "Pourquoi?" provoque la panique. Son reflex face à cette question est de donner aussitôt une autre réponse ou reprendre ses opérations. La question qui me parait fondamentale en maths "pourquoi?" est perçue comme "ton résultat est faux", d'où la panique. Si je précise la question: "ton résultat est correct mais pourquoi?". La réponse est "Parce qu'il faut ajouter, puis diviser puis...".

Cinq ans d'école élémentaire pour en arriver là en maths me semble un bon gâchis. Pourquoi?

Statistiques pour "blondes"?


Voici une petite information "utile" que j'ai vu par hasard sur une bouteille de Contrex sous le titre "Saviez vous?".

Les petites étoiles renvoient plus bas sur une petite explication:


**Aide à l'élimination des déchets et des toxines.
***Source : Etude TNS Sofres de Juillet 08 sur
100 consommatrices régulières de CONTREX.

Très mignon et très pédagogique.

J'aimerais tout de même savoir comment, en pratique, les "consommatrices" s'y prennent pour constater et mesurer par elles mêmes l'effet de cette eau magique sur l'élimination des "déchets et toxines" par leur organisme (rendu si gracieux grâce à Contrex, évidemment).

Sinon, j'aurais tendance à croire que Contrex prend ses "consommatrices régulières" pour des êtres naturellement dépourvues de cervelle et donc représentant un public idéal pour gober ce genre de ....beeeeep... pub?



Innumérisme: théorème d'existence



Le grand plan pour l’enseignement scientifique et technologique lancé par le ministre de l’EN fin janvier 2011 met en avant la lutte contre l’innumérisme. Sur le site du ministère, une longue page est dédiée à ce projet. Voici comment on y définit l’innumérisme :

«L’innumérisme, qui est à la maîtrise des nombres, du raisonnement et du calcul ce qu’est l’illettrisme à la maîtrise de la langue, est aujourd’hui de mieux en mieux caractérisé. Ce concept a été notamment explicité par le mathématicien québécois Normand Baillargeon.

Les élèves ou les adultes qui sont en situation d’innumérisme ne sont pas en capacité de mobiliser les notions élémentaires de mathématiques, du calcul et des modes de raisonnement qui leur sont ou leur ont été enseignés. ».

En somme, rien de nouveau, une nouvelle façon politiquement correcte pour dire « nul en maths ». Mais voilà qu’un peu plus loin le site de l’EN nous donne une jolie preuve de la réalité du phénomène en expliquant :

«

la question devient civique : l’usage et la compréhension des grands nombres ou de nombres extrêmement précis, l’appréhension des ordres de grandeur, des statistiques, des opérations élémentaires, sont fortement perturbés et ne permettent plus de mettre en oeuvre l’esprit critique nécessaire à l’exercice des responsabilités d’un citoyen dans une démocratie.

».

La personne qui a écrit « les nombres extrêmement précis » n’a pas compris grand-chose aux nombres, car cette expression n’a pas de sens. Les nombres ne sont pas précis ou imprécis. On peut exprimer des grandeurs réelles (longueurs, aires, durées etc.) avec plus ou moins de précision en utilisant des nombres différents, on peut remplacer un nombre que l'on ne peut pas exprimer par écrit de façon exacte par un autre nombre qui lui est proche. Mais un nombre reste un nombre tout court.


Le pays de la diversité


Ca commence à me chauffer les oreilles, à force d'entendre parler de "la diversité". Un groupe d’élus locaux a récemment fait parler de lui en relançant la polémique sur les statistiques ethniques. Le groupe s’appelle ANELD «Association Nationale des Elus Locaux de la Diversité». Je les ai entendus sur France Culture présenter leur action.

Mais j’ai quand même du mal à comprendre ce que cela veut dire « issus de la diversité ». C’est où, la diversité ?

Je me suis dit : ça doit être ce grand pays mystérieux et mal connu qui s’étend à partir des frontières de la France jusqu’au… bout du monde ? Je crois qu’on appelle ses habitants « des étrangers ». Mais non, ça ne peut pas être ça, puisque que nos élus ne sont pas des étrangers, eux. C’est sûr ! Ils le disent eux-mêmes : ils ont grandi en France, ils sont français. Mais c’est alors en France, la diversité ?

Mais où, en France ? C’est une ville, une région ? Ils disent, qu’ils ont tous grandi dans « des quartiers ». Ah !? Moi aussi, j’habite un quartier, à Chatellerault, et j’ai des amis qui habitent dans d’autres quartiers. Tous le monde, dans des villes, habite un quartier. Mais, il y a des quartiers et des quartiers. Enfin, ils viennent des quartiers, quoi !

Pas très clair, tout ça ! Je ne vois toujours pas ce que c’est, cette diversité. Les élus de ANELD disent qu’ils représentent « les minorités visibles ». Oh, là ! Cela devient carrément ésotérique. Il y a des gens qui pensent que notre monde est habité par un tas de créatures invisibles, bien plus nombreuses que nous, les humains. Nous serions alors tous, cette minorité visible. Eux, ils seraient alors nos représentants auprès de ces êtres ? N’importe quoi ! Ou alors "issus de la diversité" veut dire qu'ils sont des enfants des parents diversés ? C’est vrai que c’est un gros problème pour les enfants, quand les parents diversent. Il faut faire quelque chose ! Mais pourquoi alors ils disent qu’ils militent pour que la diversité se développe et progresse ? C’est à n’y rien comprendre !

A moins que… « issus de la diversité » signifie « les enfants d’immigrés » ? Tout ça pour ça ? Toute cette langue de bois pour dire qu’ils ont grandi dans des familles d’immigrés. Ils connaissent bien les difficultés de ces populations qui se retrouvent en bas de l’échelle sociale et ils souhaitent réunir leurs forces pour aider à améliorer les choses.

Faut-il que, pour se faire entendre, ils soient obligés d’accepter cette étiquette que le monde politique veut absolument leur coller ? Juste ce qu’il faut de politiquement correcte pour bien marquer qu’ils ne sont pas des français comme les autres, tout en effaçant toute trace éventuelle de leurs origines.

C’est ça, « la diversité » ?


jeudi 21 juillet 2011

De la langue de bois "scientifiquement correcte"?



En prenant mon café hier à l'ENSTA où je travaille en ce moment, j'ai feuilleté la brochure intitulée "2010, une année avec le CNRS. Rapport scientifique". A la page 4 je parcours l'entretien avec J. Bertrand, directeur général délégué à la science. La première question posée par le journaliste est "Quels sont les faits scientifiques marquants que l'on peut retenir en 2010? ". La réponse qui s'étale sur un gros paragraphe, m'a sidérée! Ce directeur général délégué à la science nous parle du nouveau contrat d'objectifs signé avec l'état, des "actions structurantes", des "financements des projets exploratoires", de création de groupements" etc. Et juste tout à la fin il tient à remercier les équipes de scientifiques qui ont obtenu des résultats remarquables et, tout particulièrement, les mathématiciens C. Villani et N. B. Châu qui ont obtenu la médaille Fields.

Pas un mot, au fait, sur les faits scientifiques marquants de l'année. Il n'a même pas précisé pour quels travaux les deux mathématiciens ont obtenu leurs médailles. Cela ne semble pas avoir une importance pour la direction de la recherche nationale?


mercredi 13 juillet 2011

Je ne crois pas au réchauffement climatique



On peut entendre ou lire, ça et là, des phrases comme « … ces climato-sceptiques qui ne croient pas au réchauffement climatique… ». Eh bien, je n’y crois pas, moi.

Parce que je n’ai pas à y croire. La climatologie n’est pas une religion, c’est une science. Et la question n’est pas de croire ou ne pas croire. La question est de savoir ou ne pas savoir. La climatologie n’est pas non plus une démocratie où on se met d'accord pour décider ce qui sera la vérité. Le terme « consensus scientifique sur le climat » n’a à mes yeux aucun sens. Le mot « consensus » désigne une décision ou un accord général, sur une décision admise par une large majorité. C’est un terme du monde politique. En science, même si un grand nombre de scientifiques pensent qu'une thèse donnée est très probablement vraie, elle restera avec un statut de conjecture tant qu'elle n'est pas prouvée de manière irréfutable. Il l'histoire de la science en connaît plein, des conjectures qui ont duré des siècles.

Si consensus sur le climat il y a, il est surtout politique, pas scientifique. Et c’est normal. A l’état des connaissances scientifiques actuelles sur l’évolution du climat il est normal que les pays débattent et prennent des décisions communes. Ces décisions sont le fruit de longues négociations qui sont loin de prendre en compte seulement les arguments purement scientifiques. Mais pourquoi alors il faut absolument qu’on nous présente ces décisions comme un « consensus scientifique » ? Parce que ça donne à la chose un semblant de caractère objectif : « puisque les scientifiques l’ont dit !.. » et masque les habituels calculs d’épicier et les rapports de force entre les lobbyings pro-ceci ou anti-cela.

Le danger d’une telle « étiquette scientifique » est qu’elle fausse totalement la perception du problème par l’opinion publique, tue le débat démocratique et nuit gravement au développement scientifique.

A partir du moment qu’on a déclaré haut et fort qu’il y a « consensus scientifique » sur les causes du réchauffement climatique et sur les mesures à prendre, toute recherche scientifique qui pose le problème autrement, qui cherche d’autres explications possibles, qui explore d’autres aspects du phénomène, est regardée d’un mauvais œil, avec méfiance et considérée comme inutile puisqu’on sait déjà tout : la cause du réchauffement est le CO2. Et il va y avoir des journalistes et profs de philo pour vous expliquer que

«

Non, les climato-sceptiques n’ont pas un « rôle important à jouer dans le débat », car il n’y a plus de débat dans la communauté scientifique sur la question du réchauffement climatique.
. »

et traiter tous ceux qui osent douter de la thèse officielle de « négationnistes ». Or, ce n’est pas la certitude qui fait progresser la connaissance mais le doute, justement. Chasser ceux qui doutent c’est tuer la jeune science climatologique dans son berceau.

L’opinion publique occidentale, dressée à faire confiance à la science qu’elle ne comprend pas, accueille le discours avec bienveillance. Ca n’a pas l’air sorcier, tout le monde peut comprendre : la planète se réchauffe, c’est un peu (beaucoup) notre faute, mais on peut encore réparer : il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et c’est justement là qu’intervient la petite phrase magique qui endort votre propre esprit critique et fait de vous un parfait volontaire obéissant : « puisque les scientifiques l’ont dit ». Le phénomène n’est pas nouveau, on connaît l’effet de l’autorité de la science depuis les expériences de Milgram.

Imaginez que vous êtes face à un tsunami qui vous fonce dessus. Vous le percevez au loin, à l’horizon. Vos dirigeants de tout bord et surtout les gentils écologistes, vous disent : « Surtout ne bougez pas ! ». Parce que les scientifiques pensent que le tsunami a été provoqué par les vibrations des pas de tous les humains de la planète. On est trop nombreux et on marche trop ! Alors tout ce qu’il y a à faire c’est de ne pas marcher ou le faire le moins possible. Tous ensemble, pour sauver la planète, ne bougeons pas ! Vous faites quoi ?

dimanche 15 mai 2011

Terra! Terra!



Notre petit monde politique a connu la semaine passée un moment historique, comparable à celui que le monde entier a vécu il y a plus de 500 ans, quand Christophe Colomb a posé son pied sur San Salvador.
C'est à Laurent Wauquiez que revient l'immense honneur de cette découverte prometteuse. C'est lui, tel un Christophe Colomb de la modernité politique de l'UMP, qui s'est lancé, avec courage et obstination, à la recherche de ce monde merveilleux dont on entend des récits légendaires. Ce monde lointain où les simples mortels sont tenus à la botte par une idéologie sans compromis, pendant que les quelques chanceux qui ont un copain dans le gouvernement jouent au monopoly grandeur nature, développant un buisness agressif et sans pitié pour la concurrence. Oh, depuis longtemps on connaissait en Occident politique la route vers ce pays d'Asie, la route qui passe par la Gauche. Mais c'est une route périlleuse, qui passe par des révolutions, expropriations, guillotines, Goulags et autres dictatures sanguinaires. On y risque sa tête, même en faisant semblant d'être du bon coté. Et puis, le plus souvent on s'y perd, on ne sait plus où est le bon coté, et on n'a aucune garantie de récupérer le pouvoir à la fin.

Voilà pourquoi il fallait absolument trouver une autre route, par la Droite! Seulement qui pouvait prévoir qu'en fonçant, machines toutes, vers la Droite , notre aventurier allait tomber sur un monde politique inconnu (ou plutôt oublié de tous), celui de l'URSS. La première idée qu'il a rencontré sur son chemin appartient à ce monde: travaux d'intérêt général pour tous ceux que l'état, dans son infinie bonté, sauve d'une mort certaine, en leur attribuant quelques kopek de RSA.

Certes, notre vaillant navigateur des mers idéologiques n'a pas atteint la Chine. Mais il a trouvé quelque chose de mieux. il se trouve devant un puits inépuisable de bonnes idées! Il suffit juste de continuer, toujours plus loin, pour découvrir le véritable continent! Ceux qui, comme moi, ont connu ce monde perdu à son apogée, savent qu'il regorge d'exemples formidables! Pourquoi s'arrêter aux RMIstes et autres bénéficiaires de RSA? Prenez l'école par exemple. Ce n'est pas un cadeau que l'Etat fait à ces fainéants de gosses? En URSS l'école aussi état gratuite et obligatoire pour tous. Et tout le monde était de corvée de travaux de champs, à partir de 10 ans, un mois par an, en été. Une sorte de colonie de vacances obligatoire où la journée commençait par rassemblement général, levée du drapeau, suivait une matinée dans les champs à biner les concombres, et les après-midi on pouvait jouer. En automne on ne peut pas trop envoyer les gosses faire les récoltes, ils ont classe. Pas grave, il a des étudiants! Ils sont aussi des assistés: les facs gratuites c'est de l'assistanat! Pour les étudiants, pas besoin de faire semblant que c'est une colonie de loisirs, on les loge comme on peut et on les fait bosser du matin au soir. Et les fonctionnaires? Là aussi une bande de fainéants payés par l'état à vie à ne rien faire! Aux champs! Et il en a encore des tonnes des idées comme ça!

Eh oui! On vient de découvrir enfin que la planète des politiques est ronde, aussi ronde que notre bonne vielle Terre! A aller toujours plus loin vers la droite, on retombe sur le bon vieux continent communiste! Sans doute, on en reparlera encore, des nombreux rebondissements que cette découverte va nous apporter! A suivre...




mardi 8 mars 2011

De la pédagogie comptable ou de la comptabilité pédagogique?


Quel gâchis d'aller interroger un expert des sciences de l'éducation pour entendre un discours d'un fonctionnaire du Ministère de l'éducation chargé de comptabilité. Avec en prime des raccourcis de raisonnement primaires de la langue de bois en vigueur dans le discours pseudo-politique du moment. Désolant! C'est bien le mot qui m'est venu à l'esprit à la lecture de l'entretien publié dans Libération du lundi dernier avec Denis Meuret. Il y défend la suppression des redoublements à l'école. Ma critique ici ne porte pas sur le fait d'être pour ou contre mais sur la façon d'argumenter que j'estime indigne d'un spécialiste en pédagogie et sur une question aussi difficile et complexe que le redoublement.

La discussion commence par le rappel d'une initiative récente de l'inspecteur académique du Calvados. Ce dernier a introduit un système de bonus/malus sous forme d'heures de cours en pénalisant les collèges qui font beaucoup redoubler et en récompensant ceux qui réduisent leurs taux de redoublement. Dans l'entretien Denis Meuret défend cette initiative en expliquant que cela fait économiser beaucoup de sous au Ministère.

Pour répondre à la question sur les inconvénients des redoublements Denis Meuret commence par insister sur le fait qu'ils font aggraver des choses. Pour appuyer son affirmation il cite (sans précision ni chiffres) des études menées sur des élèves de CP. Il nous explique que les élèves ayant redoubler leur CP ont à la fin du CE1 les mêmes performances scolaires que leurs petits camarades n'ayant pas redoublé. En quoi alors les choses sont aggravées? Là, il y a un gros raccourci: on part d'un cas de gestion des redoublements au collège et on argumente avec une étude dans une classe de CP! Et cela ne colle pas sur les deux plans:


Un autre argument vient des fameuses comparaisons internationales. Denis Meuret nous dit: " Comme l'a montré la chercheuse Nathalie Mons, les systèmes éducatifs où l'on redouble le moins sont ceux qui ont les meilleurs résultats dans les études PISA de l'OCDE. " Heureusement que les statistiques PISA sont là! Elles permettent de démontrer tout et son contraire! Cela ne signifie pas qu'ils sont bons PARCE QUE l'on y redouble peu. Peut être qu'on y redouble peu parce qu'ils sont bons, non?

Le dernier argument à deux sous est celui des salaires! Si on redouble, on commence à travailler un an plus tard et donc on perd un an de salaire! Et que dire alors de ceux qui font des études supérieures après le bac? Ils perdent 5 ans de salaire, certains s'endettent même pour payer les études et pour gagner parfois moins qu'un bac+2! Ca va pas la tête?

La cerise sur ce gâteau, déjà bien garni de contre-vérités, est la réaction aux questions du journaliste au sujet de méthodes alternatives de traitement de l'échec scolaire, et en particulier du soutien. J'insiste ici, ce qui suit est une citation:

"On connaît en effet des manières de traiter l'échec scolaire plus efficaces que le redoublement ou les classes pour "élèves en difficulté". Le soutien en fait partie, mais aussi les politiques qui incitent les écoles et les profs à se focaliser sur les plus faibles. C'est ce que font les États-Unis afin d'élever le niveau des élèves les plus défavorisés, les Noirs, les Hispaniques etc. Pour la première fois, dans des lycées américains on a même ouvert des programmes de soutien à la lecture".

La solution qui en ressort est simple: elle consiste tout simplement à fermer les yeux sur les élèves en difficulté, à les faire passer à travers le système scolaire en saupoudrant de cours de soutien et en forçant les profs à se débrouiller avec des gamins faibles au dépend de ceux qui pourraient progresser. Je n'ai pas assez de mots pour dire à quel point ce raisonnement est hypocrite, de mauvaise foi! Voici juste quelques arguments qui me viennent à l'esprit :

  1. La première chose à faire serait à admettre enfin qu'une grande partie des échecs scolaires sont fabriqués par le système scolaire lui même; fermer les yeux la dessus est malhonnête, cela revient à rejeter à la poubelle sociale des ratages produits par les dysfonctionnements de l'école, en disant : c'est de leur faute!
  2. Pour laisser passer les élèves en grande difficulté, on baissera forcément les exigences et le niveau. Encore un peu plus! On ne pourra pas faire autrement, l'égalité des chances (sur papier!) oblige!
  3. En obligeant un prof à se focaliser sur les plus faibles dans une classe de 30-35 on pousse, sans le dire, les autres à recourir aux cours particuliers, si les familles ont de l'argent, ou on les enferme dans l'ennui le plus profond en attendant que la classe puisse enfin passer au thème suivant;
  4. Sous prétexte d'économies dans l'éducation nationale on préfère faire sortir du système des jeunes gens qui savent même pas lire correctement. On fabrique ainsi des chaumeurs potentiels qui coûteront à l'état bien plus cher qu'une année de CP. Mais, évidemment, le RMI ce n'est pas le même ministère, ni le même budget!
Pour ceux qui sont intéressés par de vrais arguments, je conseille plutôt de lire l'avis du Privilégié ou de June Prune ou encore plusieurs autres qui ont répondu à la chaîne lancée par le Privilégié.

Précisions


On entend beaucoup parler ces jours-ci du grand débat à venir à l'UMP sur la place de l'Islam en France. Il y a quelque chose qui n'est pas net dans cette histoire. En fait, il serait bien, avant le débat, qu'ils précisent un peu le sujet. De quel islam exactement veulent ils débattre?
  • de celui fantasmé par les occidentaux, qu'ils soient islamo-phobes ou islamo-philes?
  • ou de celui vécu par de simples croyants musulmans qui y trouvent un réconfort moral et spirituel dont ils ressentent le besoin dans leurs vies?
  • ou peut être de celui utilisé pour le conditionnement psychologique des combattants dans les groupes terroristes?
  • ou de l'islam obscurentiste utilisé par certains dirigeants pour asservir leurs peuples, les maintenir dans la misère tout en tirant le plus grand profit personnel des richesses de leurs terres?
  • ou......?

lundi 7 mars 2011

Satisfait ou remboursé: une tendance pour l'orientation scolaire



Un jour futur, disons en 2030. Julien, costard-cravate, l'aire d'un jeune commercial branché, entre dans la classe. Son métier: conseiller d'orientation de parcours scolaire et de carrière professionnelle. Sa mission: faire du porte à porte des collèges et lycées pour présenter aux jeunes le tout nouveau catalogue "Solutions pour bien choisir sa vie future" du Ministère.

- Mesdemoiselles, Messieurs, bonjour. Je suis votre conseiller d'orientation délégué par le Ministère de la scolarité, de la vie et de carrière professionnelle. Je suis ici aujourd'hui pour vous parler des choix que vous allez devoir faire bientôt. Quelle orientation choisir pour vos études? Quels parcours professionnels s'ouvrent à vous après vos études? Difficile question n'est-ce pas? Mais ne vous inquiétez pas. Vous savez tous que depuis les réformes de 2020 notre Ministère s'occupe de tout. Nous sommes là vous présenter les meilleurs solutions et vous aider à choisir en connaissance de cause la vie que vous voulez avoir dans les années à venir.

Nous pouvons aujourd'hui dire avec fierté que nous avons enfin résolu l'un des plus grands problèmes de société du début du 21ème siècle: l'orientation des jeunes. La génération de vos parents se souvient encore de l'ancien système où il fallait choisir ses études sans savoir en quoi exactement elles consistaient, quelles matières on allait étudier, quels professeurs on allait avoir. On s'orientait à cette époque vers des métiers sans savoir VRAIMENT comment au quotidien on allait travailler. Les jeunes eux mêmes et les familles se plaignaient régulièrement des difficultés de choisir une orientation sans savoir exactement à quoi s'attendre. Le risque et l'incertitude liés à ce choix sont devenus insupportables.

Il en a eu des débats pour savoir comment mieux orienter les jeunes. Certains pensaient qu'il fallait spécialiser plus tôt, d'autres proposaient de laisser le choix le plus tard possible. Jusqu'au jour où on a créé notre Ministère en partant d'une idée toute simple. Les progrès que les sociétés occidentales ont réalisés pendant le 20ème siècle ont permis de donner aux citoyen-consommateurs des droits et des garanties les protégeant de toute forme de risque. Nous avons réussi à bannir l'incertitude du domaine de la consommation quotidienne. Quand vous achetez aujourd'hui une télé, un ordinateur, une bouteille de lait, vous avez à votre disposition toute l'information nécessaire à votre choix. Vous avez également la garantie que si le produit ne correspond pas à la description ou à vos attentes vous avez le droit de réclamer un dédommagement. Nous nous sommes dit alors: pourquoi il doit en être autrement pour le choix des études et de la carrière professionnelle? Aujourd'hui vous n'avez plus besoin de vous poser des questions compliquées. Le Ministère s'occupe de tout et prend tout en charge. Vous n'avez qu'à feuilleter ce catalogue et à choisir.

Pour les paresseux, il y a des formules "Prêt à vivre": tout est organisé, planifié, prévu: les études, le premier poste (avec une option de localisation géographique à choisir parmi trois destinations proposées), le logement, le plan de carrière, la retraite.

Pour les aventuriers et amateurs de sensations fortes on propose des "Pochettes aventure": vous ne choisissez qu'un thème global parmi une dizaine de disponibles (médecine, ingénieur, physique, biologie etc). Votre parcours sera alors parsemé d'étapes nouvelles plus ou moins dangereuses: trouver une école pour les études, trouver un premier emploi etc). Rassurez vous, divers degrés de risque sont proposés.

Pour les indécis, vous avez des parcours "A la carte" avec option "Satisfait ou remboursé" vous permettant de changer d'orientation si elle ne vous convient pas. Vous avez toujours la garantie que même si vous n'arrivez pas à trouver votre voie par vous mêmes, le ministère le fera pour vous, à l'issue des 7 premières années post-bac.

Attention tout de même: le nombre de places pour certains parcours et limité. Le nouveau plan quadriennal des Solutions de vies et de parcours professionnels est sorti il y a tout juste quelques semaines. Vous pouvez le consulter sur le portail de notre Ministère.

Avant de signer votre contrat vous aurez toute l'information nécessaire pour vous décider. Vous pouvez même demander une période d'essai pour la formule qui vous tente. Des séjours organisés sont proposés dans les écoles, les universités, les entreprises partenaires qui vous offrent des postes dans le catalogue. Vous pourrez ainsi observer sans être vus, sans déranger un cours, une réunion d'équipe, une salle d'opération. De nombreux locaux sont spécialement équipés de salles d'observation avec un miroir transparent.

-Une question, là-bas, au fond? Allez-y!
-Qu'est ce que c'est, au juste, le contrat, Monsieur?
- Ah! Le Contrat? C'est votre vie! Choisie en connaissance de cause et sans aucun risque de se tromper!


samedi 5 mars 2011

Jetable

J'ai lu hier dans la Libération (édition papier) une grande rétrospective de l'affaire de vrai-faux espionnage chez Renault. Pour quelqu'un comme moi qui ne peut en juger que par la presse cette affaire donne matière à réflexion sur plusieurs plans. Ce qui m'a particulièrement frappée à la lecture du dossier de Libération c'est la façon dont ont été traités les trois cadres de l'entreprise accusés d'espionnage.

D'après les témoignages rapportés par le journal les trois hommes ont été physiquement mis dehors par des agents de sécurité le matin du 3 janvier sans aucun préavis ni autre forme de discussion. Jetés comme des chiffons sales parce qu'une enquête interne provoquée par une lettre anonyme faisait croire qu'ils étaient mêles à une affaire d'espionnage. Même pas convoqués par les dirigeants ou la fameuse commission de déontologie chargée de l'enquête. Non, jetés tels quels, devant les yeux de leurs collègues. Une humiliation qui ne peut être justifiée en aucun cas, même par les soupçons graves qui pesaient sur ces hommes.


samedi 12 février 2011

Paradoxes d'école: la gartuité


Quand on pense à l'éducation en France, on a toujours deux mots à l'esprit: gratuite et obligatoire. La gratuité de l'école pour tous est une raison de fierté républicaine mais c'est aussi la cause de nombreux paradoxes.

Car l'école est tout sauf gratuite: donner une instruction de qualité aux générations entières du pays représente un coût colossal. Il n'a jamais été gratuit d'éduquer ses enfants. En France, ce coût est assumé par l'ensemble de la population au nom du principe de droit universel à l'éducation. C'est un formidable effort, généreux et solidaire, que la nation entière consent à faire depuis des siècles parce que le bien être du pays tout entier repose sur la transmission des connaissances d'une génération à l'autre , que le progrès et la paix ne sont possibles que si tout le monde a accès à éducation. Il n'est donc pas exact de dire que l'école est gratuite: elle est garantie et payée par l'état, au nom de toute la population. Mais, dit comme ça, c'est moins joli comme slogan...

La vraie-fausse gratuité de l'école provoque régulièrement dans la sphère politique du pays des psycho-drames, dès lors qu'il s'agit du budget de l'Education Nationale.

A droite, et tout particulièrement dans le gouvernement actuel, on se demande surtout comment quelque chose qui est gratuit peut coûter aussi cher. Le but du jeu est donc de sabrer le plus possible. Tout l'art consiste ensuite à trouver les bons tours de passe-passe pour que vous ayez l'impression d'être d'accord. Et c'est parti dans la farandole des explications aussi loufoques qu'insensées sur le nombre d'élèves en moins depuis 20 ans, le nombre de profs en plus, l'encadrement moyen de tant de profs pour 100 élèves, les mauvais résultats dans les rapports de l'OCDE. Conclusion: si on fait aussi mauvais avec autant de profs on peut faire pareil avec moins de profs. C'est un tour à deux balles!





A gauche (je caricature un peu), ce qui est gratuit est donné, et de bon coeur. Et quand on donne, on ne compte pas. Du coup, on reste crispé, dès qu'il s'agit d'analyser le budget d' l'EN et toute proposition d'une éventuelle réduction provoque des indignations aussi féroces que privées d'analyse concrète et objective de la question. Or, il me semble que si on admet que le budget de l'EN représente un effort réel de la population, que c'est de l'argent gagné dans la sueur des fronts et mis de coté pour le bien des générations futures il n'y a rien d'anormal de vérifier de temps en temps que cet argent est bien employé. Et il est bien employé si, même dans un village lointain les enfants ont une école et tous les moyens nécessaires pour qu'ils y apprennent bien et qu'ils y soient heureux, si les enseignants sont correctement formés pour faire leur travail et si l'école permet à chacun de se réaliser, de s'améliorer.


Toutes ces querelles budgétaires ne résoudront pas les problèmes de l'école. Il ne sert à rien de savoir s'il faut ajouter ou supprimer les postes si, depuis longtemps, on ne sait plus pour quoi faire...





lundi 7 février 2011

Pourquoi pas?


Nous sommes abonnés à la télé par satellite depuis plusieurs années. On a voulu s'en débarrasser, mais on a raté la date anniversaire de l'abonnement. Impossible de rompre le contrat en dehors de cette date, même en payant le reste dû.

Alors puisqu'on est forcés de rester fidèles encore un bon moment, on se dit de temps en temps qu'il serait pas mal de regarder un film, au moins. Mais une fois par mois on se retrouve devant un écran nous annonçant que si on veut continuer à regarder une chaîne à laquelle on est abonnés, on doit faire valider nos droits en appelant un numéro de téléphone (payant) et en attendant ensuite 30 minutes sur la chaîne en question.

Je me demande pourquoi ce n'est pas Ca*lSat qui doit nous appeler une fois par mois pour nous demander si on veut bien continuer à les payer?


mercredi 2 février 2011

Utopie



S'il y a une vielle habitude qu'on n'a pas perdue en Ukraine, c'est de causer politique, entre amis, autour d'une tasse de thé fumant. Un soir, il était question de politique internationale à table et un débat enflammé a commencé. Au bout de quelque temps, j'ai commencé à sentir qu'on tournait en rond: il restait un point sur lequel nos avis étaient diamétralement opposés et les positions des uns et des autres semblaient inconciliables. C'est à ce moment qu'un des convives s'est adressé à moi en disant:

" Tu comprends, nous , on est de simples gens, on sait peu de choses. Mais on s'intéresse et on regarde la télé. Là il y a des gens intelligents, comme il faut, ils savent mieux que nous. Ils nous expliquent comment sont les choses. Et on n'a pas le choix, on les croit. Nous savons qu'ils vous disent la vérité, et on les croit".

Ce sont des gens généreux, courageux, sympathiques que j'aime bien et que j'estime; ils se battent tous les jours pour survivre avec leurs familles dans un monde où il est de plus en plus difficile de gagner sa vie honnêtement.

Mais ce sont des gens qui votent. Décidément, la démocratie est une belle utopie!


Equité




J'ai grandi dans le monde construit sur les légendes de la révolution d'octobre. Notre héros était Vassili Chapaev, le grand guerrier de l'armée rouge. Il a défendu jusqu'à son dernier souffle sa patrie révolutionnaire, encore toute jeune; il a combattu à la tête de la cavalerie avec honneur et loyauté; il a donné sa vie pour la victoire et la gloire éternelles de son idéal, celui auquel il a cru: la Russie communiste. Petite, je connaissais par coeur le vieux film qui racontait son parcours glorieux et tragique, ses combats contre l'amiral Kolchak, le chef des Blancs. Dans ce film, l'armée rouge libérait, l'une après l'autre, les villes prises par les blancs, chassant les aristocrates et autres bourgeois et apportant aux peuples la liberté tant attendue; on y voyait les héros communistes, de simples soldats, des paysans et ouvriers, mourir avec honneur pour leur patrie, la Russie, fusillés par les blancs.

Aujourd'hui, dans le train qui m'amenait de Kharkov à Kiev, j'ai regardé un film récent russe qui a du succès, "L'Amiral". Il raconte l'histoire de Kolchak: ses débuts dans la flotte du Tsar, son grand amour, sa bravoure et ses talents militaires. C'était un homme d'honneur, loyal et patriote qui, renvoyé de la Russie par le gouvernement provisoire, est revenu après la révolution d'octobre pour combattre l'Armée Rouge et défendre ce qu'il avait de plus cher: sa patrie, la Russie. Dans ce film, l'armée de Kolchak libérait, l'une après l'autre, les villes prises par les rouges, apportant aux peuples la liberté tant attendue; on y voyait de simples soldats, des paysans et ouvriers, mourir avec honneur pour leur patrie, la Russie, tués sur le champs de bataille. on voyait aussi les officiers se faire massacrer avec leurs familles par les soldats révoltés, menés par les activistes communistes. Kolchak, loyal jusqu'au bout, n'a pas fui, quand il en avait encore le temps, alors que tout semblait perdu pour son armée: les rouges ont gagné. Il a donné sa vie pour la victoire et la gloire éternelles de son idéal, celui auquel il a cru: la Russie de l'ancien régime.


Pendant des années on a glorifié l'un, Chapaev, et blâmé son ennemi, Kolchak. Maintenant on voudrait faire l'inverse. Et pourtant, ils ont tous les deux été braves et donné leurs vies pour leur patrie commune, la Russie, pour ce qu'ils croyaient être le bien pour leur peuple. Ils ont tous les deux participé à une tuerie sans nom, sans gagnant ni perdant, qui n'a servi qu'à ruiner leur pays et soumettre leur peuple à une dictature aussi impitoyable que celle du Tsar. Sont ils si différents?


Ah, l'humanité!

Quand les chrétiens et les musulmans se retrouvent à la même table après les obsèques d'un membre de leur famille commune ils se parlent. Ils se souviennent que la personne qui n'est plus les aimait tout autant les uns que les autres et qu'ils l'aimaient aussi.

Ils se racontent leurs vies de simples mortels et découvrent qu'ils vivent des mêmes petites choses: leurs familles, leurs amis, leur travail, ils fêtent les mariages et les naissances, ils se retrouvent pour dire adieu à ceux qui les quittent à jamais. Une convive s'écrie :"Je ne savais pas que chez vous aussi on sait travailler autant pour gagner sa vie! Je croyais que..."

Ils se racontent les souvenirs des rituels funéraires de leurs villages et ils découvrent avec un étonnement sincère qu'ils pleurent leurs morts de la même façon, à quelques différences près. Savent ils que ces rites sont probablement bien plus anciens que leur différends de religion?

Mais pourquoi alors ces mêmes gens ont si peur les uns des autres dès qu'ils se retrouvent devant leurs écrans de télé ou leurs chefs qui leur expliquent qu'ils sont différents?

Ah, l'humanité!

samedi 22 janvier 2011

Iconoclaste


Le droit de manifester est considéré, à juste titre, comme l'une de valeurs fondamentales d'une démocratie. En France, il a y même comme une fascination devant ce qu'on appelle "le pouvoir de la rue". Pour certains, La Rue porte comme une auréole de pureté et de justice; ce que dit La Rue est forcément vrai et juste puisque c'est le peuple même qui exprime là son désir. D'autres ébouriffent toutes leurs plumes devant en proclamant haut et fort: "Ce n'est pas la rue qui gouverne!" mais on a du mal à les croire...

Du point de vue individuel, le droit de manifester n'est qu'une conséquence directe de la liberté de penser et d'exprimer ses idées. Mais c'est là que se cache un paradoxe difficile à résoudre.

Qu'en est il justement des idées individuelles, qu'elles soient grandes ou modestes, une fois rassemblées dans le flot d'une manifestation massive? Elles se transforment en slogans: des phrases rythmées, faciles à scander par une foule et surtout dépourvues de toutes nuances de pensée pour donner au plus grand nombre le sentiment d'adhésion. Prenons l'exemple des dernières manifestations pour les retraites. "Non à la réforme!", "Pour une réforme juste". Voilà des slogans avec lesquels tout le monde sera d'accord mais qui, au fond, ne veulent rien dire!

Que devient un grand nombre d'individus pensants, une fois rangés dans les rangs pour défiler?
Une foule, une foule qui ne pense pas, qui hurle des slogans vides de sens. Ce mouvement, est-il capable de porter une idée constructive? Trop complexe, pour devenir un slogan. D'ailleurs, personne ne semble s'intéresser à ce pensent vraiment les gens qui défilent. Ce qui compte, c'est combien de monde ont réussi à mobiliser les syndicats. Toutes ces querelles autour des méthodes de comptage sont écoeurantes, quand on pense que les manifestants étaient sensés être là pour exprimer leurs idées. En fait, ils sont là pour qu'on les compte. Les médias,d'ailleurs, ne parlent pas des propositions exprimées par les manifestants, mais de bras de fer entre le gouvernement et les syndicats.

Ces mêmes médias qui se précipitent pour se réjouir quand dans un pays lointain des manifestations populaires provoquent un changement de régime. Il y a quelques années, en Ukraine, ces manifestations ont été vite qualifiées de Révolution Orange. Ca sonnait bien, ça avait comme un léger parfum de bastille. Ah, le bon vieux temps de révolution! Une révolution c'est forcément bien pour le peuple! Et dire que toutes ces manifestations n'ont servi qu'à remplacer une mafia par une autre au pouvoir...

Les grandes manifestations portent toujours en elles l'embryon d'une menace dont on ne se méfie plus assez, dans les démocraties occidentales bienpensentes:

"...le communisme, le fascisme, toutes les occupations et toutes les invasions dissimulent un mal qui plus fodamental et plus universel; l'image de ce mal, c'était le cortège de gens qui défilent en levant le bras et en criant les mêmes syllabes à l'unisson. "

M. Kundera, "L'insoutenable légèreté de l'être"






jeudi 20 janvier 2011

Question de mentalité


Dans le métro de Paris un portique d'entrée reste fermé jusqu'à ce qu'on introduise son ticket pour l'ouvrir et passer.

Dans les villes d'ex-Union Soviétique, qui ont hérité du métro d'époque, les portiques d'accès sont ouverts jusqu'à ce qu'on essaie de les franchir. Si vous n'avez pas mis au préalable votre jeton dans la fente du portique, il se referme violemment sur votre passage et éventuellement sur vous mêmes si vous ne réagissez pas assez vite. Ca fait mal.

Quand on sait ce qui va arriver si on franchit le portique sans payer, on a devant ses yeux un portique ouvert mais l'esprit voit bel est bien le portique fermé. Dans l'Union Soviétique nous étions tous en apparence des citoyens libres dans un pays libre et ouvert. Toutes les portes étaient ouvertes, devant nos yeux. Mais combien étaient fermées dans nos esprits?

Avec la mort du régime communiste on a ouvert les frontières. Vu de l'Europe, on a ouvert la seule porte véritablement fermée, comme le portique du métro de Paris. C'est la libération! Mais combien de temps il faudra encore pour ouvrir toutes les portes fermées dans les esprits par 70 ans de propagande?


mercredi 19 janvier 2011

Anti-pub

Cette affiche, difficile à éviter dans le métro parisien, représente pour moi exactement ce pour quoi je déteste les soldes. J'ai beau dire que c'est de l'humour, qu'il ne faut pas la prendre au premier degré, rien à faire! Dès que je vois cette image elle provoque en moi des visions cauchemardesques d'une foule de gens hystériques en train de s'arracher des fringues et des objets dont ils n'ont pas besoin.
Cette affiche, sensée me remplir d'un enthousiasme débordant à l'idée d'aller faire les soldes, tue en moi toute envie, somme toute banale, d'essayer d'en profiter.

mardi 18 janvier 2011

Infini bis


"... qui cherche l'infini, n'a qu'à fermer les yeux!"

M. Kundera, "l'insoutenable légèreté de l'être"



samedi 15 janvier 2011

Le temps



Jack Bauer a 24 heures pour sauver les USA ( et donc le monde) des menaces terroristes de plus en plus féroces; un autre héros a 72 heures pour sauver celle qu'il aime; un autre encore n'en a que 3 pour sauver sa femme. Et il en a un même qui n'a que 90 minutes pour sortir d'un cercueil enterré.

C'est à croire que le temps est devenu une véritable obsession de l'homme moderne. Nous mesurons même les distance en temps: "j'habite à 1 heure de voiture de mon copain, à 20 minutes de métro de mon travail, à 10 minutes à pieds du parc, etc...". Nous demandons à nos héros d'accomplir leurs exploits le plus vite possible. Même un miracle, un vrai, en pleine rue passerait inaperçu s'il ne représentait pas avant tout un défi de vitesse.

C'est vrai qu'à l'époque où l'humanité commence à se faire à l'idée qu'avec quelques pets de CO2 de plus ou de moins on peut modifier l'évolution globale de climat sur la planète, il est frustrant de constater que nous sommes toujours aussi nus et impuissants devant le temps qui avance. Même armé jusqu'aux dents de gadgets technologiques, l'homme moderne reste démuni, perplexe, ignorant devant le grand mystère du temps.

Tous nos efforts désespérés de filmer, d'archiver, de photographier, ne nous permettent pas de faire revenir le passé. Les équations les plus savantes du monde ne peuvent pas nous projeter véritablement dans l'avenir. Nous en sommes toujours au même point: dans le présent, entre notre passé à jamais perdu et notre avenir, inaccessible. Ce n'est pas en allant plus vite, toujours plus vite, comme si on vous en échapper que l'on pourra se réconcilier avec le temps. Nul n'a besoin de technologies sophistiquées pour cela. La pensée seule peut suffire. Mais la pensée, justement, a besoin de temps...

Voici une pensée qui mérite méditation sur la question, trouvée dans "l'Ignorance" de M. Kundera:
"
Sur l'avenir, tout le monde se trompe. L'homme ne peut être sûr que du moment présent. Mais est-ce bien vrai ? Peut-il vraiment le connaître, le présent ? Est-il capable de le juger ? Bien sûr que non. Car comment celui qui ne connaît pas l'avenir pourrait-il comprendre le sens du présent ? Si nous ne savons pas vers quel avenir le présent nous mène, comment pourrions-nous dire que ce présent est bon ou mauvais, qu'il mérite notre adhésion, notre méfiance ou notre haine ?
"