mardi 28 avril 2009

Unité de mesure et autres citations

Vu sur le site du Monde ce matin: 
"Lundi 27 avril au soir, la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, a décidé du passage du niveau 3 à la phase 4 sur l'échelle d'alerte pandémique qui compte six degrés
Finalement, ça fait combien en "VIGIPIRATES"? Rouge? Orange? Vert? 

Plus loins dans le même article :
"Aux États-Unis, où en une journée le nombre de cas répertoriés a doublé, passant de 20 à 40,Barack Obama a indiqué, devant l'Académie des sciences, que si le nouveau virus est "un sujet d'inquiétude, il n'y a pas de raison de s'alarmer".  "
Donc si quelque chose vous inquiète, surtout ne vous alarmez pas! 


dimanche 19 avril 2009

Un dessin animé plein de fraîcheur

Cette après midi nous avons amené notre fille  au cinéma, voir le dernier dessin animé de  Hayao Miyazaki "Ponyo sur la falaise".  Même si je n'apprécie pas trop de graphisme  des dessins animés japonais,  celui-ci m'a  touchée. 

Un conte  d'une grande beauté, une beauté intérieure et profonde, au-delà des images qui s'animent sur l'écran.  Une histoire d'un grand romantisme, pleine d'amour et d'harmonie.

 On en sort apaisé. Ca fait du bien. 

 

vendredi 10 avril 2009

Enseignant, chercheur ou enseignant-chercheur?

Les récentes actualités liées  au mouvement  de protestation des universitaires et étudiants m'ont fait revenir à une réflexion dont j'avais envie de parler ici. 

Parmi les réformes contestées, une mesure  en particulier a attiré mon attention. Celle qui prévoit la modulation des heures d'enseignement en fonction des évaluations régulières des performances dans les recherches. Pour simplifier,  si un chercheur n'est pas bien évalué dans ces recherches, il aura une charge d'enseignement plus importante.  Il existe de nombreuses réactions publiées ci et mais elles sont le plus souvent orientées, je trouve, et donnent une interprétation de la réforme et non les faits précis.  C'est peut être le reproche que je ferais au milieu universitaire: rendre le débat  trop passionnel. Il devient à force difficile de se faire sa propre idée. Il faut dire qu'il n'est pas très simple de trouver les textes d'origine des réformes.  Je pars de ce que j'ai trouvé dans un dossier ici

 Ce qui pose problème aux nombreux chercheurs ce n'est pas tellement le fait de moduler les services d'enseignement et de la recherche, que la procédure prévue pour cela et surtout le pouvoir du président de l'université dans cette décision. Pourquoi cette crainte? Est ce qu'elle reflète la peur de voir les conflits d'intérêt, les pressions politiques et budgétaires influencer la décision d'un président d'université et donc les carrières des chercheurs? D'une certaine façon tous ces facteurs sont déjà présents dans les universités, comme partout. On peut supposer qu'une procédure de prise de décision plus collective concernant l'attribution des charges de service aux enseignants-chercheurs en limiterait les effets, mais je ne pense pas que ça change grand chose.  

Il y a aussi la crainte que les allègements de charge d'enseignement accordés aux uns seront forcément compensés par des heures en plus imposées aux autres. D'où la mise en concurrence, qui peut s'avérer malsaine, entre les collègues d'une même université. Ce problème n'aura à mon avis aucune solution, si l'on continue à s'obstiner à raisonner de façon purement comptable, en enlevant quelques heures par ci et en ajoutant par là. En particulier, si l'on continue à maintenir un seul statut possible, celui d'enseigant-chercheur. Les besoins d'enseignement et d'encadrement des universités sont de toutes façons trop élevés pour croire qu'on peut les combler avec la seule modulation des charges. 

  Pourquoi ne pas admettre que l'université a aussi besoin d'enseignants? Enseignants tout court. Que la mission d'enseignement qui correspond véritablement au statut d'enseignant-chercheur est celle de la transmission des fruits de leurs recherches, de la formation des étudiants qui peut être pourront poursuivre un jour leurs travaux. Mais il n'y a pas que cela dans l'université. Les deux premières années de licence sont les plus cruciales pour le choix d'une orientation future et la réussite de tout le parcours. On y voit des taux de réussite très faibles et les enseignants-chercheurs impliqués dans les programmes de ces deux années  de plus en plus débordés. Il s'agit souvent de cours de fondamentaux, qui pour les enseignants chercheurs représentent souvent une routine car les sujets abordés sont loin de leurs recherches du moment. Pourquoi ne pas envisager de confier ces cours de base à ceux qui auront un statut spécifique : celui d'enseignant, dont le rôle sera d'encadrer d'avantage, de s'occuper de la conception des supports pédagogiques, d'organisation des enseignements, en plus des cours eux mêmes. Cela déchargerait aussi les enseignants-chercheurs de quelques tâches administratives liées aux enseignements qui représentent un poids considérable et non comptabilisé dans les différentes lois.  

On peut opposer à cette idée le principe qui veut que la qualité d'enseignements universitaire dépend absolument de l'activité de recherches menées en parallèle. Je ne suis pas d'accord. D'abord parce que dans l'opinion, l'application de ce dogme est très dissymétrique. On accepte plus facilement, avec un sourire de compréhension, qu'un brillant chercheur soit un mauvais pédagogue. Mais on ne veut pas admettre qu'un bon prof d'université puisse ne pas être un chercheur actif. Et pourquoi? Parce que'on ne veut pas admettre qu'il y a un véritable savoir faire de professeur, qu'un enseignant dans le supérieur doit avoir une connaissance pédagogique en plus de la maîtrise des sujets  scientifiques qu'il enseigne. Pourquoi le fait d'avoir fait un doctorat (et donc preuve d'un certain niveau de maîtrise scientifique) et une formation pédagogique ne pourrait pas être un bon bagage pour mener à bien une carrière d'enseignant dans l'université? 

mercredi 8 avril 2009

Un week-end en camping





































Voilà une bonne idée pour patienter agréablement quand vous n'avez plus de maison. Elle nous vient du premier ministre italien, Silvio Berlusconi. Dans une récente déclaration à une chaîne de télévision allemande, il a parlé ainsi des rescapés du récent tremblement de terre: 
«Il ne leur manque rien, ils ont des soins médicaux, de la nourriture chaude... Bien sûr, leur abri actuel est tout à fait provisoire mais justement, il faut prendre ça comme un week-end en camping»
(source: Le Figaro, par exemple). 


Quel bel exemple de positive attitude! On devrait s'en inspirer en France! Tous ces SDFs et autres mal logés, qui n'arrêttent pas de se pleindre! Une tente et voilà! Comme un week-end  en camping! 
Euh.... Tout le monde aime le camping, n'est ce pas? 

Illustration de  Herluf Bidstrup.

dimanche 5 avril 2009

La connerie des hommes et l'harmonie du monde

 Dimanche. Ce matin, en parcourant les quelques lignes par ci par là sur l'internet, je me suis sentie fatiguée. Un sentiment d'agacement semblable à celui de l'article  lu plus tard dans la journée  sur Sulfure et contre-culture.   Un sentiment d'impuissance face à la bêtise, la colère, la violence.  

Fin d'après-midi. Le soleil de printemps  invite à sortir dehors. Une invitation qui ne se refuse pas.  J'ai passé quelques dernières heures de cette après-midi dans mon jardin, à travailler la terre. Un de mes passe temps favoris. Le contact avec les choses aussi simples que les fleurs, l'herbe, la terre repose l'esprit  et redonne de la sérénité à mon âme fatiguée. 

La lumière dorée  du soleil couchant est derrière moi.  Je ramasse les aiguilles sèches des pins et les vieilles feuil es  sous les arbres. Le mouvement  long  du large râteau à herbe font remonter  des souvenirs lointains. J'aimais accompagner ma mère le week-end aux champs. Surtout  quand il y avait le fauchage du foin. Les hommes fauchaient, les femmes  ramassaient  avec des râteaux comme ça. Et moi, je rêvais dans les herbes  au bord du champ. Ou bien je goûtais avec joie les fraises des bois qui poussaient par ci par là. Je ferme les yeux. Le ciel de juillet, l'odeur de l'herbe, le goût de fraises. Le bonheur. 

 
Il y des choses très simples au contact desquelles les vanités du monde  qui nous entourent s'éloignent. Chacun de nous a besoin d'un petit moment comme ça pour retrouver son intégrité, pour calmer la colère de l'esprit.  Eh bien c'est le printemps, le soleil revient, les arbres se réveillent après le long sommeil de l'hiver. Ça fait un bien fou de plonger un instant dans cette harmonie  qui est là, tout près, imperturbable par les tribulations de  l'espèce humaine.  

jeudi 2 avril 2009

Ingenier: un métier ou un statut social?

-"Qu'est ce que pour vous le métier d'ingénieur?"

J'ai posé cette question (bateau? ) des dizaines de fois au cours des quelques dernières années  aux candidats à l'admission à l'école d'ingénieur où je travaillais. Le plus souvent (presque toujours) j'entendais la réponse (bateau? ) : 

-"Euuuhhh... l'ingénieur est celui qui dirige une équipe". 

En essaynt de creuser un peu, la question suivante : 

-Oui, mais concrètement, comment vous vous représentez le travail d'un ingénieur, ces missions, ses responsabilités? "
-"Euuhhhh....". Néant.  

Enfin, dernière tentative :

- Et pourquoi avez vous sélectionné notre école, qu'est ce qui vous plaît dans la formation? 
- Son caractère généraliste: j'ai très peu d'idées sur ce que je voudrais choisir comme spécialité, alors je voulais encore attendre pour décider. 

Questions bateau, réponses bateau?  Oui et non. Je trouve que ce manque d'imagination  chez les jeunes candidats sur ce qui sera leur métier trois ans plus tard est symptomatique. Il est le reflet d'une tendance de société de plus en plus visible  et lourde de conséquences: 

l'ingénieur n'est plus un métier, c'est un statut social. 

 Suivons un peu le parcours de notre "candidat-bateau" vers son futur métier. 

Lycée. "Tu te débrouilles en maths? Fais une terminale S, tu pourras faire ce que tu veux après". Va pour la terminale S.

Bac. Travailles  bien tes maths, tu pourras devenir ingénieur. Ingénieur de quoi? Tu verras. Pour l'instant, travailles bien tes maths pour avoir une bonne prépa. Si tu veux t'en sortir, il faut être ingénieur. Si tu as un bon diplôme, il y a toujours du boulot et un bon salaire.

Prépa. Voilà! Enfin, la grande vie! En route pour devenir ingénieur! Mais ce n'est pas en prépas qu'on apprend ce que c'est. On y apprend  surtout à passer le concours!

Concours. On s'inscrit à des paquets d'écoles et, une fois les examens passés, on ne choisit pas le métier mais les écoles qu'on a "eus"! 

École. Ouf! Fini le bachotage des concours! Ou est ce qu'on apprend à  diriger une équipe?  

Notre candidat suit le parcours avec l'idée qu'il a de ce que doit être un ingénieur: un manager. Alors, les maths, la physique, les domaines techniques, ne lui semblent pas être utiles dans son futur métier.  C'est technique, c'est difficile et inutile! A quoi bon? Ce n'est pas la compétence technique qu'il est venu chercher. Bon élève, il suit des cours, même s'il est persuadé qu'il n'en fera rien plus tard de ce que ces cours racontent. Tout simplement parce que ça a toujours été comme ça, les études: on passe des examens pour passer en année supérieure et à la fin on a le diplôme! C'est le système!   

Une fois le diplôme à la main, on choisit l'entreprise. Et l'entreprise choisit les diplômes! Ce n'est pas la maîtrise technique de l'ingénieur qui compte, c'est le diplôme!   C'est le système!

Et voilà, une fois dans l'entreprise, notre jeune ami a un bon statut, et pas de métier. Il se retrouve face à des technologies qu'il ne connaît que de loin et sans compétence technique suffisante pour se construire une expertise dans le domaine associé à son poste. Il  passera plus de 30 pour cents de son temps en réunions à brasser du vent le plus souvent. Il prendra des décisions critiques sur des projets qu'il "manage", inconscient des responsabilités techniques qui pèsent réellement sur lui. 

Oui, je sais, ce tableau est très noir. Oui, ils ne sont pas tous comme ça! Heureusement! Mais le phénomène que je dénonce ici est à prendre au sérieux: l'expertise technique  est de plus en plus marginalisée dans l'entreprise par les effets de bord du système qui favorise le diplôme avant la compétence réelle et le statut avant le métier. 

Ça me fait penser au roman "L'île au trésor"  de Robert Louis Stevenson.    Sur la route vers le trésor du Capitaine Flint, le chef des pirates, Silver, doit persuader ses camarades de ne pas se découvrir trop tôt  et ne pas chercher à prendre le contrôle du bateau avant d'arriver sur l'île. Son argument?

 "Nous sommes de de bons matelots, capables de suivre une route sur la mer mais incapables de l'établir! Sans le capitaine, nous sommes perdus!". 

Et bien, notre société semble oublier qu'un ingénieur qui dirige une équipe est comme le capitaine qui dirige un bateau. Il n'est pas seulement un bon manager d'équipe. Il est celui qui sait où aller!