samedi 15 janvier 2011

Le temps



Jack Bauer a 24 heures pour sauver les USA ( et donc le monde) des menaces terroristes de plus en plus féroces; un autre héros a 72 heures pour sauver celle qu'il aime; un autre encore n'en a que 3 pour sauver sa femme. Et il en a un même qui n'a que 90 minutes pour sortir d'un cercueil enterré.

C'est à croire que le temps est devenu une véritable obsession de l'homme moderne. Nous mesurons même les distance en temps: "j'habite à 1 heure de voiture de mon copain, à 20 minutes de métro de mon travail, à 10 minutes à pieds du parc, etc...". Nous demandons à nos héros d'accomplir leurs exploits le plus vite possible. Même un miracle, un vrai, en pleine rue passerait inaperçu s'il ne représentait pas avant tout un défi de vitesse.

C'est vrai qu'à l'époque où l'humanité commence à se faire à l'idée qu'avec quelques pets de CO2 de plus ou de moins on peut modifier l'évolution globale de climat sur la planète, il est frustrant de constater que nous sommes toujours aussi nus et impuissants devant le temps qui avance. Même armé jusqu'aux dents de gadgets technologiques, l'homme moderne reste démuni, perplexe, ignorant devant le grand mystère du temps.

Tous nos efforts désespérés de filmer, d'archiver, de photographier, ne nous permettent pas de faire revenir le passé. Les équations les plus savantes du monde ne peuvent pas nous projeter véritablement dans l'avenir. Nous en sommes toujours au même point: dans le présent, entre notre passé à jamais perdu et notre avenir, inaccessible. Ce n'est pas en allant plus vite, toujours plus vite, comme si on vous en échapper que l'on pourra se réconcilier avec le temps. Nul n'a besoin de technologies sophistiquées pour cela. La pensée seule peut suffire. Mais la pensée, justement, a besoin de temps...

Voici une pensée qui mérite méditation sur la question, trouvée dans "l'Ignorance" de M. Kundera:
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Sur l'avenir, tout le monde se trompe. L'homme ne peut être sûr que du moment présent. Mais est-ce bien vrai ? Peut-il vraiment le connaître, le présent ? Est-il capable de le juger ? Bien sûr que non. Car comment celui qui ne connaît pas l'avenir pourrait-il comprendre le sens du présent ? Si nous ne savons pas vers quel avenir le présent nous mène, comment pourrions-nous dire que ce présent est bon ou mauvais, qu'il mérite notre adhésion, notre méfiance ou notre haine ?
"

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