mercredi 2 février 2011

Equité




J'ai grandi dans le monde construit sur les légendes de la révolution d'octobre. Notre héros était Vassili Chapaev, le grand guerrier de l'armée rouge. Il a défendu jusqu'à son dernier souffle sa patrie révolutionnaire, encore toute jeune; il a combattu à la tête de la cavalerie avec honneur et loyauté; il a donné sa vie pour la victoire et la gloire éternelles de son idéal, celui auquel il a cru: la Russie communiste. Petite, je connaissais par coeur le vieux film qui racontait son parcours glorieux et tragique, ses combats contre l'amiral Kolchak, le chef des Blancs. Dans ce film, l'armée rouge libérait, l'une après l'autre, les villes prises par les blancs, chassant les aristocrates et autres bourgeois et apportant aux peuples la liberté tant attendue; on y voyait les héros communistes, de simples soldats, des paysans et ouvriers, mourir avec honneur pour leur patrie, la Russie, fusillés par les blancs.

Aujourd'hui, dans le train qui m'amenait de Kharkov à Kiev, j'ai regardé un film récent russe qui a du succès, "L'Amiral". Il raconte l'histoire de Kolchak: ses débuts dans la flotte du Tsar, son grand amour, sa bravoure et ses talents militaires. C'était un homme d'honneur, loyal et patriote qui, renvoyé de la Russie par le gouvernement provisoire, est revenu après la révolution d'octobre pour combattre l'Armée Rouge et défendre ce qu'il avait de plus cher: sa patrie, la Russie. Dans ce film, l'armée de Kolchak libérait, l'une après l'autre, les villes prises par les rouges, apportant aux peuples la liberté tant attendue; on y voyait de simples soldats, des paysans et ouvriers, mourir avec honneur pour leur patrie, la Russie, tués sur le champs de bataille. on voyait aussi les officiers se faire massacrer avec leurs familles par les soldats révoltés, menés par les activistes communistes. Kolchak, loyal jusqu'au bout, n'a pas fui, quand il en avait encore le temps, alors que tout semblait perdu pour son armée: les rouges ont gagné. Il a donné sa vie pour la victoire et la gloire éternelles de son idéal, celui auquel il a cru: la Russie de l'ancien régime.


Pendant des années on a glorifié l'un, Chapaev, et blâmé son ennemi, Kolchak. Maintenant on voudrait faire l'inverse. Et pourtant, ils ont tous les deux été braves et donné leurs vies pour leur patrie commune, la Russie, pour ce qu'ils croyaient être le bien pour leur peuple. Ils ont tous les deux participé à une tuerie sans nom, sans gagnant ni perdant, qui n'a servi qu'à ruiner leur pays et soumettre leur peuple à une dictature aussi impitoyable que celle du Tsar. Sont ils si différents?


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