samedi 29 mai 2010

Botanique



De nombreux arbres, comme érable, font des graines qui ressemblent à deux petites ailes collées ensemble. Au moindre coup de vent elles se détachent et tombent en tourbillonnant comme de petites hélices, ou de petits hélicoptères...

Lors d'une promenade au parc, en regardant ces graines virevolter, ma fille a déclaré:

"Tous ces arbres sur lesquels poussent des hélicoptères doivent s'appeler hélicoptériers. "



Peut on arrêter de croire au Père Noël?


Il y a des moments dans la vie de chacun qui laissent à jamais des traces que le plus souvent on ignore. Un de ces moments est celui où les grandes personnes nous expliquent que le père Noël n'existe pas, que ce sont les parents qui mettent les cadeaux sous le sapin, qu'il n'y a pas de rennes magiques ni de traîneau. Il se produit alors dans le coeur d'un enfant une explosion, un cataclysme, une déchirure d'une force inouïe. L'enfant finit pourtant par se conformer à cette nouvelle réalité. Mais peut on vraiment arrêter de croire? Quand la foi est pure et véritable, comme celle d'un enfant, peut elle réellement disparaître?

Il faut croire que non. Inconsciemment, nous croyons toujours au père Noël. Et si nous, simples mortels, nous l'ignorons le plus souvent, ceux qui font de la pub l'ont très bien compris. Et c'est pour cela que Raymond existe!




Cette superbe invention ne peut marcher que si les gens croient vraiment au père Noël, le seul au monde à pouvoir faire de vrais cadeaux, des crédits gratuits, par exemple!

Il faut vraiment être endurci par la vie et sans coeur pour se demander: mais c'est quoi, au fait, le taux d'escompte de 7,5%, annoncé tout bas par la dame? C'est ce qui mentionne aussi le texte en tout petits caractères en bas des pages du catalogue:

"Taux d'escompte maximum en cas de paiement comptant: 7,90% au 06 janvier 2010"

C'est que si on paie comptant, on a droit à une réduction, un escompte. C'est une obligation légale pour toute opération de vente via un crédit gratuit. Seulement, c'est écrit en tout petit et personne ne s'empresse pour vous offrir la ristourne quand vous passez à la caisse.

Alors pour croire que le crédit est gratuit tendis que le même produit coûte moins cher si on paie comptant, il faut croire que le Père Noël a élu domicile sur la planète Saturn.








mercredi 26 mai 2010

Retraites : les usagers de la SNCF épargnés par la réforme



On pouvait lire ce matin dans le Monde que le gouvernement envisage de ne pas toucher aux régimes spéciaux des retraites et en particulier ceux des agents de la SNCF et de la RATP, alors qu'il est question de repousser l'âge légal de départ à la retraite pour tous les autres salariés. Les Echos citent même une note interne envoyée par la direction de la SNCF aux cheminots pour les rassurer sur cette question, oh combien sensible!

C'est bien sûr un pur hasard si la mobilisation à la SNCF est prévue très faible demain à la SNCF: un trafic quasi normal pour les TGV, par exemple.

Faut il en arriver là pour assurer un fonctionnement relativement normal dans les transports? C'est oublier le sens de solidarité aigu qui règne à la SNCF: quand il y a une grève des trains, ce n'est jamais pour défendre les intérêts des cheminots, c'est pour le bien de tous les travailleurs.

Mais rassurons nous: tout sera fait pour que la réforme soit perçue comme étant absolument juste!


samedi 22 mai 2010

Une inversion

Il y a quelques jours, dans un cinéma, j'ai lu ce message:

"Faites un geste pour la nature, ne jetez pas vos lunettes 3D!"

Et voilà qu'on a l'impression tout de suite de faire une bonne action, plaisante et pas trop contraignante en plus. Chouette!

Alors que la Nature n'a pas besoin de nous ni de nos gestes de charité, c'est nous qui avons besoin d'elle.

Pourquoi ne pas se dire alors qu'on fait un geste pour le boulanger en achetant notre pain. Ou que l'on paye les intérêts d'emprunts par compassion pour le banquier?

mercredi 19 mai 2010

La liberté: un phénomène naturel




Si l'on considère que la liberté de chacun, et en particulier la liberté d'expression, est naturelle, on doit accepter le fait que les dégâts qu'elle peut causer sont assimilables à ceux d'un tout autre phénomène naturel: une tempête, un tremblement de terre, une inondation.


En rentrant hier soir très tard chez moi après plusieurs heures de galère dans la gare Montparnasse j'étais épuisée et au bord de crise de nerfs. Mais j'ai fini par me dire que ce qui est arrivé hier à des milliers de passagers bloqués dans cette gare n'était rien d'autre qu'une catastrophe naturelle, conséquence de la libre expression de la colère des infirmiers contre leur ministre. Quant le ciel se déchaîne, les vents arrachent les arbres, les toits, cassent les voitures. Et on ne peut en vouloir à personne: c'est la nature.



Quand les infirmiers se déchaînent, ils occupent les rails d'une gare, la circulation est coupée dans les deux sens, des milliers de personnes se retrouvent piégées là, dans le hall d'entrée, encerclés par les CRS pendant des heures pour éviter les mouvements de foule. Et on ne peut en vouloir à personne: c'est naturel, c'est la liberté de manifester.

mardi 11 mai 2010

La France: un pays juste



Voilà enfin que l'on entend ça et là les mots qu'il faut, les mots qui calment et apaisent les consciences enflammées par les inquiétudes, la révolte, la colère. Voilà que les hommes politiques semblent avoir trouvé le mot qui marche, le mot juste.

Sur les retraites, le président lui même nous promet une réforme, avant tout, juste. Et pour y arriver il faudra que ceux qui ont les moyens paient. "les hauts revenus et les revenus du capital pourraient être mis à contribution", titrait Le Monde hier.

Pendant ce temps, M. de Villepin estime que les mesures de rigueur, nécessaires pour résister à la crise, doivent s'accompagner d'une augmentation des impôts. Et il précise: "Il y a une exigence : que cette augmentation des impôts soit juste. Sollicitons ceux qui sont les mieux placés dans notre pays, ceux qui doivent donner l'exemple, ceux qui ont le plus de moyens."

Avant la France n'était pas un pays juste. Alors les riches, ceux qui avaient de la fortune, partaient vers d'autres pays, plus justes, où ils savaient que leur argent pouvait être mieux employé. Mais les temps ont changé. En France, les forces politiques ont enfin compris! Le ministère a appelé les expatriés fortunés à revenir en France pour y déclarer leurs revenus. Parce que désormais, la France est un pays juste. Et ils vont revenir! Ils vont sauver nos retraites, notre budget d'état, notre sécurité sociale. Tels des chevaliers vaillants, avec leurs armures en argent, armés de leurs boucliers en or, ils vont nous protéger de la crise!

Maintenant que nos yeux sont enfin ouverts sur ce qui est juste, la France peut indiquer le chemin aux autres, aux pauvres gens qui ignorent encore la bonne nouvelle de la libération! Mais oui, ces malheureux qui ont fui leurs pays, qui se retrouvent là, perdus. Comme ce jeune homme kosovar, polyhandicapé et toute sa famille. On les ramène chez eux, là où leurs riches à eux les attendent pour s'occuper d'eux.

Mais oui, dans toutes nos réformes désormais, le plus important, c'est que ce soit juste! Le chef de l'état le dit lui même, cité par le Monde:

"On voudra peut-être faire quelque chose à un moment ou à un autre pour que la réforme soit perçue comme absolument juste"

Soit perçue? Perçue, vous dites? S'agit-il d'une illusion?


mercredi 5 mai 2010

Difficiles évidences



Les choses les plus difficiles à expliquer sont celles qui nous paraissent évidentes. Essayez d'expliquer comment vous faites pour respirer, ou pour marcher. Vous le faites, c'est tout!

Je me suis vraiment rendu compte de cela seulement quand j'ai commencé à enseigner en classes prépas, après plusieurs années de travail avec les élèves ingénieurs. Ma première année de cours en prépas a été la plus difficile professionnellement. Je me suis retrouvée plusieurs fois bloquée, coincée, désarmée par les questions des élèves. Les questions que je ne me posais plus depuis très longtemps et que les élèves ingénieurs ne posaient pas non plus. j'ai découvert que mes élèves ne comprenaient pas ce qui me semblait être des évidences! C'est là que j'ai réalisé que ma formation en tant que prof ne faisait que commencer!
Quand quelque chose vous semble évident, vous le savez si bien que vous ne vous souvenez plus de l'avoir appris un jour. Vous avez l'impression de l'avoir toujours su, d'être né avec. Devant quelqu'un qui ne comprend pas une évidence on n'est pas forcément étonné, on admet que chaque chose s'apprend en son temps. Mais on éprouve souvent un réelle difficulté à expliquer. Parce que l'on a perdu la mémoire du chemin parcouru pour arriver à comprendre.
Je pense que c'est précisément là que se situe l'art de l'enseignant. C'est la capacité d'expliquer ce qui est évident qui fait de l'enseignement un véritable métier et exige un savoir faire spécifique. Savoir ne suffit pas pour enseigner. Le professeur doit posséder le savoir mais aussi la ou les façon(s) de l'acquérir.
Dans le labyrinthe des connaissances chacun avance avec plus ou moins de difficultés. Celui qui sait est celui a qui a réussi à parvenir à un certain endroit dans le labyrinthe. Mais celui qui enseigne doit avoir retenu le chemin qu'il a lui même trouvé et pouvoir guider les autres. Il doit aussi avoir le courage et l'envie d'y retourner pour explorer d'autres possibilités de parcours. Il doit aussi admettre que tous ses élèves ne suivront pas la route qu'il leur proposera. Certains se perdront. Il faut connaître le labyrinthe par coeur pour pouvoir aller les repêcher là où ils seront bloqués pour les remettre sur la voie de sortie. D'autres trouveront leur propre façon d'y arriver et apporteront ainsi au prof des renseignements précieux dont il pourrait faire profiter tout le monde.
Il faut également savoir composer les informations nécessaires à indiquer le chemin en dosant l'aide fournie avec justesse. Et c'est très difficile. Le plus facile c'est donner le chemin complet, à la façon d'un logiciel de navigation: tournez à gauche, faites trois pas, prenez la première à droite etc. Mais en faisant cela on n'apprend pas aux élèves à se repérer par eux mêmes dans le labyrinthe, à y établir progressivement leurs propres repères. Sans quoi, après des années passées dans les couloirs de l'enseignements ils en sortent inconscients de leurs savoirs et incapables d'apprendre. A l'opposé de cette approche de facilité se trouve la méthode "débrouille-toi". Très efficace pour ceux qui sont suffisamment murs et curieux pour explorer l'univers infini des connaissances de manière quasi-autonome. Le prof ne fait que poser les grands jalons. Mais cette approche peut s'avérer fatale pour ceux qui, sans être des incapables à vie, arrivent à se perdre et ne trouvent pas de l'aide au bon moment.
Dans un récent billet en réponse à une chaîne lancée par June Prune je donnais mon sentiment sur ce qui s'apprend et ce qui ne s'apprends pas pour être prof. L'art de guider les élèves et surtout celui de pouvoir adapter la façon de guider à chacun s'apprend, mais pas forcément pendant la formation initiale. Cela s'apprend en permanence avec la pratique.

Cela me mène à penser que la qualité essentielle d'un prof, sans laquelle on ne peut pas faire ce métier, est justement la capacité et l'envie d'apprendre en permanence. Celui qui termine un jour sa formation sort de manière plus ou moins définitive du labyrinthe. Celui qui décide de faire de l'enseignement son métier fait le choix d'y rester.