samedi 24 décembre 2011

Moyennes



Je travaille à 350km de chez moi. Le matin, je prends le TGV pour arriver en plein coeur de Paris et puis, après 15 min de métro, j'arrive au bureau. Le soir, je refais le même chemin en sens inverse. Si on compte les distances absolues parcourues par jour, j'en fait 700 km en moyenne par jour de travail.

Mais si on tient compte du sens des déplacements, avec l'origine d'un axe imaginaire "dodo-boulot" placée dans ma maison, en moyenne, je ne bouge pas de chez moi.

Si l'exposition "Des jouets et des hommes" au Grand Palais était visitée exclusivement par des enfants accompagnés de leurs grands parents, la moyenne d'âge des visiteurs serait entre 30 et 35 ans.

Si vous jouez au loto ou dans un casino, vous savez que la moyenne des gains (les pertes comptées comme des gains négatifs) est nulles ou très très légèrement négative, juste de quoi mettre du beurre dans les épinards des propriétaires des casinos. Mais vous jouez quand même...

Alors quand le ministre de l'éducation Nationale, Luc Chatel, nous a expliqué sur France Inter qu'
"il y avait plus de professeurs et moins d'élèves qu'en 1990"
et
que donc :
"il y a moins d'élèves par classe, en maternelle, en primaire, en collège, et au lycée, contrairement aux caricatures que l'on entend ici ou là"
on ne voit vraiment pas de quoi se faire des noeuds au cerveau à cause des suppressions des postes d'enseignants. Et puis qu'est ce qu'on a du temps à perdre à débattre pour savoir s'il dit vrai ou faux. Ce n'est pas lui qui le dit, ce sont les chiffres: l'INSEE est là pour confirmer.

En théorie des probabilités on a un autre terme pour désigner la moyenne : " l'espérance mathématique". J'aime bien ce mot, l'espérance. C'est comme quelque chose qu'on espère: espérance de vie, espérance de gains, espérance de nombre d'élèves par classe.

On devrait rebaptiser l'INSEE en "Institut de l'Espérance Nationale" et le ministre de l'EN en "Ministre des chiffres qui parlent".


jeudi 22 décembre 2011

Titanic


Le Titanic a été mis à l'eau avec un nombre de canots de sauvetage insuffisant. Dans sa conception, on n'en a pas prévu assez et tout le monde le savait. Mais il était impensable qu'un tel bateau coule. Il était conçu pour être sans faille. Seulement, il a coulé...

L'économie occidentale d'après-guerre, et en particulier la française, est comme un Titanic, bâtie dans l'idée qu'elle serait insubmersible. Et voilà: à peine quelques glaçons apparus en vue et c'est la zizanie dans les cabines du haut commandement. Qui aurait pu prévoir que l'hiver viendrait et qu'il ferait froid?

Leçon "Titanic" numéro 1 : surtout ne pas affoler le public. "Mesdames et Messieurs, nous allons devoir nous serrer légèrement la ceinture et faire une petite cure d'amaigrissement (c'est bon pour votre santé!) car les passages entre les icebergs s'avèrent plus étroits que prévu!".

Et pendant ce temps, leçon "Titanic" numéro deux: on profite de l'effet annonce pour jeter du leste sous prétexte de mesures de restrictions budgétaires, acceptées par l'opinion. Quels genres de mesures? On coupe, par exemple, les financements aux organismes para-médicaux spécialisés dans l'accueil d'enfants atteints de maladies rares. Autrement dit, on jette en douce pardessus bord ceux qui ne savent pas nager.

Il se trouve que le fils aîné de nos amis, Alex, est atteint du syndrome d'Angelman. Il a été jusqu'à il y a peu suivi à l'EMP de Levallois-Perret (92) par une assistante d'éducation spécialisée. Un documentaire lui a été consacré par France 5 en 2010, quand tout allait bien... Les financements de l'organisme dont dépend le centre ont été réduits de façon drastique: il n'y a plus de budget pour Alex. Ses parents n'ont d'autres recours qu'à appeler aux dons pour récolter les fonds nécessaires au maintien de l'emploi de l'assistante.

Comment ça se fait que l'Etat donne de l'argent aux banques privées qui ont fait des erreurs qu'elles ne veulent pas assumer et en même temps il n'y a pas de fonds pour aider ceux qui sont dans le besoin sans erreur de personne?