mardi 23 août 2016

Cet article reprend volontairement le style de titre d'une série de reportages publiés cet été par Le Monde  sous la rubrique #CeuxQuiFont , car le projet ( pour ne pas dire le combat) de l'association Petites Mains Symphoniques que je connais très bien s'inscrit bien dans cet esprit.  Faire quelque chose, bouger, ne pas rester là à se lamenter sur son sort, ne pas lâcher prise, se bagarrer, s'entêter, se tromper, se casser la figure, recommencer, chercher les solutions, essayer, prendre de coups et se relever encore et encore pour avancer et faire avancer les autres. C'est dans le domaine de la culture, la musique et pour les enfants que  se battent Eric du Faÿ et son équipe de volontaires de l'association Petites mains Symphoniques contre les mêmes démons qui pourrissent notre société en crise:  l'immobilisme, l'indécision, l'ignorance, le conservatisme, l'indifférence.

Son projet est de réunir  des enfants de 6 à 17 ans, passionnés par la musique dans un grand orchestre pour leur offrir une pédagogie innovante et une formation exceptionnelle pendant deux ans. Leur apprendre à aller jusqu'au bout de leur passion, à réaliser le rêves les plus fous: jouer à l'Olympia de Paris, ou au Grand Rex à 10 ans, voyager pour partager leur musique et leur énergie partout en France, traverser les océans pour aller rencontrer des jeunes comme eux au Festival International d'Iguazu ,

inviter un orchestre brésilien et monter un concert ensemble en 7 jours, faire connaissance avec des jeunes musiciens prodiges chinois et jouer avec eux.


 Cet orchestre est l'occasion pour de nombreux enfants de faire des rencontres fabuleuses, de lier des amitiés solides qui les soutiendront peut être longtemps dans leurs vies futures, d'apprendre à travailler ensemble, à s'entraider, à donner le meilleur de soi pour le groupe. Il leur permet de valoriser leur percévérance, leur passion, leur travail. Quand on les voit réunis tous dans une grande salle de répétition, 200 enfants avec leurs instruments cela fait un joyeux bazar... jusqu'au moment où le chef lève sa baguette et que la magie s'opère... Cela fait déjà 5 ans que j'assiste à ces moments et à chaque fois c'est magique.

Cette magie n'existerait pas sans l'énergie colossale dépensée jour après jours par l'initiateur du projet et le chef d'orchestre, Eric du Faÿ, ni sans le soutien de plusieurs collaborateurs, souvent parents d'enfants de l'orchestre, tous bénévoles. Tous ces projets demandent aussi un très grand effort financier. Aujourd'hui, il est soutenu pratiquement exclusivement par les familles. Petites Mains Symphoniques est le seul orchestre de jeunes européen à être invité chaque année par le Ministère de la Culture Argentin au Festival d'Iguazu. Il est le seul orchestre à venir chaque année sans aucun soutien des pouvoirs publics de son pays. La tension montre entre les projets, invitations, sollicitations que reçoit l'orchestre de plus en plus chaque année et le fait que de plus en plus de familles renoncent à y participer, faute de moyens.

Aujourd'hui, les enfants de l'orchestre sont réunis pour une académie d'été à l'Ecole des Roches , en Normandie et pour une deuxième édition du Festival "Etoiles Symphoniques".


Malgré l'absence de soutiens financiers publics, mais loin de baisser les bras l'Association continue d'y croire et de compter sur l'aide de tous ceux qui ont été touchés par son action. Elle lance aujourd'hui un appel à contributions sur la plate forme de financementparticipatif Ulule pour l'aider à se renforcer et à financer les prochains gros projets pour les enfants: voyage et Chine et à Iguazu pour l'année 2017.


En attendant, les enfants continuent à partager leur passion à travers près de 40 concerts organisés en 15 jours seulement autour de Verneuil-sur-Avre. Si vous passez pas loin avant le 26 août, faites une pause pour les entendre jouer....

jeudi 25 octobre 2012

Humanité


 Mes dernières lectures me font reprendre mes notes ici, malgré la routine, le train train quotidien  qui ont tendance à étouffer  toute envie de partager ses idées et réflexions.

Mes dernières lectures  sont les 4 romans de Romain Gary (Emile Ajar), auteur que j'ai découvert cet été:

  1. Charge d'âme
  2. Les cerfs volants
  3. Chien blanc
  4. Gros câlin
Celui qui m'a le plus marquée est probablement "Chien blanc", écrit avec un style très personnel, très cru, comme un journal intime de quelqu'un qui regarde l'Histoire passer devant lui, avec beaucoup de lucidité. Chien Blanc sonne encore dans ma tête comme un lointain écho à "Coeur de chien"  de Boulgakov. Un écho provenant d'un monde ou les rôles sont inversés entre chiens  et "humains de société". Un écho sans concession pour la société "moderne":
"C'est assez terrible, d'aimer les bêtes. Lorsque vous voyez  dans un chien un être humain, vous ne pouvez pas vous empêcher de voir un chien dans l'homme et de l'aimer". 
L'histoire de Chien Blanc   est celle d'un berger allemand que l'auteur trouve un soir devant sa porte et accueille chez lui, à Los Angeles. Un chien intelligent, charmant, amical... sauf en présence de Noirs. L'auteur découvre par hasard qu'il a recueilli  un "Chien Blanc", un de ces chiens spécialement sélectionnés et dressés pour attaquer les Noirs. Il confie la bête un chenil, en refusant de le faire piquer. Un dresseur accepte alors de le rééduquer, même si cela semble impossible.
En attendant, l'Amérique s'enflamme suite à l'assassinat de Martin Luther King. A Paris, la jeunesse monte sur barricades. Le récit que  Romain Gary livre dans ce romain sur la question raciale aux Etats Unis n'a malheureusement pas perdu d'actualité. A certains moments, on peut penser qu'il frôle le cynisme, mais la franchise, sans parti pris, fait beaucoup de bien et pousse à réfléchir plus posément sur ce qui se passe ici, maintenant, autour de nous.
La fin de l'histoire du chien n'est pas optimiste: le dresseur réussit à rééduquer le chien: il ne se jette plus  sur les Noirs. Le dresseur fait plus: il transforme le Chien Blanc en Chien Noir....

Un petit extrait qui fait réfléchir. Après l'assassinat de Martin Luther King les quartiers populaires Noires s'embrasent partout:
" Cette ruée au pillage est une réponse naturelle d'innombrables consommateurs que la société de provocation incite de toutes les manières à acheter sans leur en donner les moyens. J'appelle "société de provocation" toute société d'abondance et en expansion économique qui se livre à l'exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse à la consommation et à la possession par la publicité, les vitrines de luxe, les étalages alléchants, tout en lassant en marge une fraction importante de la population qu'elle provoque à l'assouvissement de ses besoins réels ou artificiellement créés, en même temps qu'elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appétit. [...] Ces gens-là ne pillent pas: ils obéissent. Ils réagissent au diktat du déferlement publicitaire, de la sommation à acquérir et à consommer, à ce conditionnement incessant auquel ils sont soumis dix-huit heures sur vingt-quatre. "



samedi 24 décembre 2011

Moyennes



Je travaille à 350km de chez moi. Le matin, je prends le TGV pour arriver en plein coeur de Paris et puis, après 15 min de métro, j'arrive au bureau. Le soir, je refais le même chemin en sens inverse. Si on compte les distances absolues parcourues par jour, j'en fait 700 km en moyenne par jour de travail.

Mais si on tient compte du sens des déplacements, avec l'origine d'un axe imaginaire "dodo-boulot" placée dans ma maison, en moyenne, je ne bouge pas de chez moi.

Si l'exposition "Des jouets et des hommes" au Grand Palais était visitée exclusivement par des enfants accompagnés de leurs grands parents, la moyenne d'âge des visiteurs serait entre 30 et 35 ans.

Si vous jouez au loto ou dans un casino, vous savez que la moyenne des gains (les pertes comptées comme des gains négatifs) est nulles ou très très légèrement négative, juste de quoi mettre du beurre dans les épinards des propriétaires des casinos. Mais vous jouez quand même...

Alors quand le ministre de l'éducation Nationale, Luc Chatel, nous a expliqué sur France Inter qu'
"il y avait plus de professeurs et moins d'élèves qu'en 1990"
et
que donc :
"il y a moins d'élèves par classe, en maternelle, en primaire, en collège, et au lycée, contrairement aux caricatures que l'on entend ici ou là"
on ne voit vraiment pas de quoi se faire des noeuds au cerveau à cause des suppressions des postes d'enseignants. Et puis qu'est ce qu'on a du temps à perdre à débattre pour savoir s'il dit vrai ou faux. Ce n'est pas lui qui le dit, ce sont les chiffres: l'INSEE est là pour confirmer.

En théorie des probabilités on a un autre terme pour désigner la moyenne : " l'espérance mathématique". J'aime bien ce mot, l'espérance. C'est comme quelque chose qu'on espère: espérance de vie, espérance de gains, espérance de nombre d'élèves par classe.

On devrait rebaptiser l'INSEE en "Institut de l'Espérance Nationale" et le ministre de l'EN en "Ministre des chiffres qui parlent".


jeudi 22 décembre 2011

Titanic


Le Titanic a été mis à l'eau avec un nombre de canots de sauvetage insuffisant. Dans sa conception, on n'en a pas prévu assez et tout le monde le savait. Mais il était impensable qu'un tel bateau coule. Il était conçu pour être sans faille. Seulement, il a coulé...

L'économie occidentale d'après-guerre, et en particulier la française, est comme un Titanic, bâtie dans l'idée qu'elle serait insubmersible. Et voilà: à peine quelques glaçons apparus en vue et c'est la zizanie dans les cabines du haut commandement. Qui aurait pu prévoir que l'hiver viendrait et qu'il ferait froid?

Leçon "Titanic" numéro 1 : surtout ne pas affoler le public. "Mesdames et Messieurs, nous allons devoir nous serrer légèrement la ceinture et faire une petite cure d'amaigrissement (c'est bon pour votre santé!) car les passages entre les icebergs s'avèrent plus étroits que prévu!".

Et pendant ce temps, leçon "Titanic" numéro deux: on profite de l'effet annonce pour jeter du leste sous prétexte de mesures de restrictions budgétaires, acceptées par l'opinion. Quels genres de mesures? On coupe, par exemple, les financements aux organismes para-médicaux spécialisés dans l'accueil d'enfants atteints de maladies rares. Autrement dit, on jette en douce pardessus bord ceux qui ne savent pas nager.

Il se trouve que le fils aîné de nos amis, Alex, est atteint du syndrome d'Angelman. Il a été jusqu'à il y a peu suivi à l'EMP de Levallois-Perret (92) par une assistante d'éducation spécialisée. Un documentaire lui a été consacré par France 5 en 2010, quand tout allait bien... Les financements de l'organisme dont dépend le centre ont été réduits de façon drastique: il n'y a plus de budget pour Alex. Ses parents n'ont d'autres recours qu'à appeler aux dons pour récolter les fonds nécessaires au maintien de l'emploi de l'assistante.

Comment ça se fait que l'Etat donne de l'argent aux banques privées qui ont fait des erreurs qu'elles ne veulent pas assumer et en même temps il n'y a pas de fonds pour aider ceux qui sont dans le besoin sans erreur de personne?

vendredi 25 novembre 2011

Rencontre du troisième type


A en croire la presse, ils sont là, parmi nous. Les extraterrestres. Et ils ne sont pas du tout verts et gluants comme on pourrait le croire. Ils nous ressemblent même un peu. Ils ont l'air de jeunes humains tout à fait ordinaires. On les appelle d'ailleurs comme ça : "les jeunes".

Mais les français, visiblement ne sont pas vraiment convaincus par ces apparences. D'après un récent sondage ils ont une impression plutôt mitigée de ces étrangers qui nous tombent du ciel. Les français leur trouvent plein de vilains défauts: ils sont égoïstes, paresseux, intolérants... bref, pas du tout comme nous , en fait. Bien sûr, on reconnaît que ces "jeunes" n'ont pas choisi la meilleure période pour débarquer en France. On a la crise ici et l'accueil n'est peut être pas forcément bienveillant pour ces populations en quête de place parmi nous.

Et puis, on apprend aussi, qu'ils sont porteurs de maladies bizarres : la textonite aiguë, par exemple. Dans leur monde, ils ont d'étranges habitudes: ils n'arrêtent pas de jouer avec un tas de gadgets technologiques. Ils s'envoient des centaines de messages par jour, ils s'amusent avec des jeux électroniques bizarres. Et comme ici, sur Terre, ils sont obligés de le faire en cachette, pour avoir des attitudes d'humains normaux, cela leur cause des problèmes de dos et autres. C'est terrible!

Mais, cette rencontre des français avec "les jeunes" et le fait qu'ils ressemblent tellement à des jeunes terriens, devrait peut être devenir une occasion pour porter aussi un regard critique sur notre propre façon d'éduquer nos enfants. Il serait peut être temps d'analyser non seulement leurs défauts et faiblesses mais aussi les causes. Et de chercher ces causes dans le rapport que les adultes ont avec leurs enfants. Sommes nous vraiment capables de leur enseigner autre chose que notre propre égoïsme, notre intolérance, notre haine des autres?