samedi 15 octobre 2011

Jalousie


Une réaction tardive mais qui ne me laisse pas tranquille à une enterview publiée par Le Monde en septembre avec Bruno Sire, président de l'université Toulouse 1 Capitole. Voici que survient la fameuse question sur la sélection et voici la réponse:

"Que reprochez-vous à la sélection telle qu'elle est pratiquée en France, et notamment en classes préparatoires ?

Les prépas sont un scandale. Toute une vie se joue dès les premiers trimestres de première, voire un peu en terminale, à l'issue desquels on est ou pas accepté en prépa. Comment peut-on jouer sa vie à 16 ou 17 ans ? Comment tout peut-il sedécider à un âge aussi difficile ? Ceux qui auraient bénéficié d'une stabilité familiale auraient tous les postes et pas les autres ?

Et ensuite, il faudrait travailler pendant 2 ans sur un principe d'humiliation. S'entendre dire "tu es nul, tu mérites 2/20" alors qu'on avait 18/20 en terminale ? On connaît trop d'élèves soufrant de troubles psychologiques en prépas. Sanscompter la frustration que tous vivent finalement à l'exception de ceux qui sortent dans les meilleurs de Polytechnique ou de l'ENA."

C'est à croire que les prépas sont une sorte Club Med pour les gosses de riches où on offre des postes à vie en guise de cadeaux de bienvenue avec des crayons de couleurs et des coloriages pour passer le temps. On y travaille quand même, en prépas, et beaucoup. Ces propos sont une insulte à tous ceux qui n'ont pas eu la chance de bénéficier dans leur vie de cette foutue "stabilité familiale" et qui ont choisi de devenir ingénieur, qui ont été acceptés en prépas, puis en école d'ingénieur, qui y ont travaillé dur pour réussir leurs études et apprendre un métier. Leurs postes, ils les ont parce qu'il les méritent et il n'y a aucun mal à cela.

Et quand la fac pratique la sélection, en médecine, par exemple, ce n'est pas un scandale? "L'université doit donner sa chance à tout le monde.". Bien sûr, et surtout à toutes les prépas de médecine qui fleurissent autour du fameux concours. Et les derniers échos des suicides dans la fac de médecine à Poitiers ne poussent pas à croire que l'ambiance est à la fête à l'Université. Dire qu'il n'y a pas de sélection à la fac est faux et hypocrite. Bien sûr que les facs font le tri, toutes disciplines confondues. Des accords, conventions, montages plus ou moins compliqués et obscurs sont de plus en plus nombreux pour créer des filières d'excellence, souvent en double diplôme avec des écoles d'ingénieur ou de commerce. Seuls les meilleurs étudiants y accèdent.

Et enfin, pourquoi vouloir à tout prix faire croire aux jeunes générations que tout se joue à 16-17 ans. Ce n'est pas vrai: on peut changer de filière, d'orientation, on a le choix. On peut faire une licence en Université et entrer dans une école d'ingénieur après, on peut faire une prépa et choisir de finir sa formation à la fac. Mais non, au lieu d'informer correctement sur toutes les possibilités, la communication ambiante fait tout pour plomber les ailes à ceux qui ont tout juste l'age de s'envoler avec la peur de l'échec. On ne vole pas librement si on est persuadé qu'en cas de chute on ne peut plus se relever. Pourquoi alors cette campagne de pub de l'Etudiant dans le métro parisien à la rentrée : «Êtes-vous vraiment fait pour le métier que vous risquez de choisir ?" . Dans notre société qui a pour idéal "le risque zéro", le choix des mots d'un tel slogan a un poids énorme.

Pour en revenir aux paroles du Président de l'Université de Toulouse, je trouve que le scandale n'est pas dans le fait qu'il y ait en France différents systèmes d'enseignement supérieur, que les uns pratiquent la sélection ouvertement et les autres non. Ce qui est scandaleux à mes yeux c'est de voir les responsables de l'enseignement supérieur se livrer dans les médias aux querelles de clochers stériles au lieu de mener un débat de fond. Les problèmes ne manquent pas, quel que soit le parcours (école d'ingénieur, de commerce ou université). On s'attend de la part des intellectuels qui dirigent les établissements une réflexion impartiale et dans l'intérêt de tous les étudiants sur les moyens d'améliorer la situation.





Sans voix



Je suis restée sans voix, en entendant ce matin la "pub" que la SNCF fait à la radio pour le prochain changement d'horaires, en décembre. "Attention! ", dit la gentille voix de la SNCF à une jeune fille qui veut prendre son train de 17h41, "A partir du 11 décembre la SNCF change ses horaires! Ton train de 17h41 partira à 17h36".

Oh, que c'est mignon! J'en avais presque envie de pleurer! Pleurer parce que la réalité de ce changement est tout autre! De nombreux trains ou des arrêts sont purement et simplement supprimés, et ceux qui restent ont des horaires complètement décalés du rythme actuel. Dans ma ville, sur la ligne Paris-Bordeaux, tous ceux qui dépendent des TGV pour leur travail sont scandalisés. Par exemple, au lieu de trois trains pour Paris le matin, répartis entre 7h et 10H , il n'en reste que 2: à 6h30 et à 7h10.

Et un changement aussi important d'horaires, qui concerne toutes les régions, est annoncé au grand public en octobre, quand la rentrée est faite, quand tous ceux qui dépendent des trains ont organisé leurs journées, leurs activités en fonction.

Il y a certainement des raisons très importantes à ce changement, je veux bien. Mais au moins, la SNCF aurait pu épargner à ses usagers l'hypocrisie de sa "communication", ce serait vraiment sympa.