Le grand plan pour l’enseignement scientifique et technologique lancé par le ministre de l’EN fin janvier 2011 met en avant la lutte contre l’innumérisme. Sur le site du ministère, une longue page est dédiée à ce projet. Voici comment on y définit l’innumérisme :
«L’innumérisme, qui est à la maîtrise des nombres, du raisonnement et du calcul ce qu’est l’illettrisme à la maîtrise de la langue, est aujourd’hui de mieux en mieux caractérisé. Ce concept a été notamment explicité par le mathématicien québécois Normand Baillargeon.
Les élèves ou les adultes qui sont en situation d’innumérisme ne sont pas en capacité de mobiliser les notions élémentaires de mathématiques, du calcul et des modes de raisonnement qui leur sont ou leur ont été enseignés. ».
En somme, rien de nouveau, une nouvelle façon politiquement correcte pour dire « nul en maths ». Mais voilà qu’un peu plus loin le site de l’EN nous donne une jolie preuve de la réalité du phénomène en expliquant :
«
la question devient civique : l’usage et la compréhension des grands nombres ou de nombres extrêmement précis, l’appréhension des ordres de grandeur, des statistiques, des opérations élémentaires, sont fortement perturbés et ne permettent plus de mettre en oeuvre l’esprit critique nécessaire à l’exercice des responsabilités d’un citoyen dans une démocratie.
».
La personne qui a écrit « les nombres extrêmement précis » n’a pas compris grand-chose aux nombres, car cette expression n’a pas de sens. Les nombres ne sont pas précis ou imprécis. On peut exprimer des grandeurs réelles (longueurs, aires, durées etc.) avec plus ou moins de précision en utilisant des nombres différents, on peut remplacer un nombre que l'on ne peut pas exprimer par écrit de façon exacte par un autre nombre qui lui est proche. Mais un nombre reste un nombre tout court.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire