mercredi 11 mars 2009

Le trac

Dans une dizaine de jours, je vais commencer un cours sur la théorie de l'information avec les élèves de première année ingénieur. Et comme toujours, à l'approche du jour J du premier amphi, je  commence à ressentir le trac.

C'est un sentiment souvent évoqué par les acteurs de théâtre: une sorte d'angoisse avant de sortir  sur la scène. Et bien je trouve qu'il y a quelque chose  en commun entre le premier instant d'un acteur qui découvre les visages de son public en sortant sur la scène et les premières secondes d'un prof qui commence un cours devant un amphi. 

Rien pourtant ne devrait me troubler à ce point à l'approche de ce cours : j'ai 8 ans d'expérience d'enseignement et ce n'est pas mon premier amphi, ce cours en particulier, je l'ai déjà fait l'année dernière, je sais donc, dans les grandes lignes comment je vais le conduire. Mais rien à faire: j'ai le trac dans le ventre. 

Qu'est ce qui m'angoisse alors? Peut être cette inconnue de taille : la nouvelle promo. Est ce que je vais réussir à les accrocher, à les emmener avec moi, à créer ce lien, invisible mais vital pour le cours entier, entre le prof et ses élèves.  Pour moi, le cours entier, avec ses amphis, ses Tds, ses examens, se joue dans cette première rencontre. Et c'est terriblement angoissant. 

Ce lien très fragile et si précieux qu'un prof crée avec ses élèves est difficile à décrire. On le sent d'instant, quand on a le dos tourné à la classe: soit on a un mur sourd et muet derrière soi, soit on a un public ouvert et réceptif. Il m'est arrivé de me retrouver dans les deux situations à plusieurs reprises. Et à chaque fois après un cours qui n'a pas marché j'avais un grand sentiment d'échec: je n'avais pas été à hauteur. 

Alors comment y arriver? Comment réussir à entraîner une centaine d'inconnus dans l'histoire que je veux leur raconter? Je suis sensée leur apprendre quelque chose.  Donc je dois arriver à les convaincre à me suivre, à  faire suffisamment d'efforts pour s'investir dans cet apprentissage.
 Et là, je me retrouve devant une question fondamentale : Ont ils envie de savoir ce que je sais?   Pourront ils trouver du plaisir  à découvrir quelque chose de nouveau? Sauront ils voir, comme moi, la beauté des maths? 

Et la réponse est... J'en sais rien! Et c'est ce qui fait la terreur et en même temps la beauté de mon métier de prof! 

Et oui, chaque année, j'entre dans l'amphi avec l'estomac noué, le coeur qui bat comme un fou, les mains qui tremblent... jusqu'à ce que je découvre les visages, je repère quelques yeux qui semblent briller de curiosité et je me lance! 

Vivement!

5 commentaires:

  1. Et non, ce ne sera pas mes yeux cette fois-ci :P Bon courage pour ce nouveau cours... Avec des Ing1 en fin d'année, ça ne va pas être facile !

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  2. Allons, allons on te connaît c'est pas raisonnable d'avoir le trac pour un cours, d'un autre côté ça peut se justifier car les gens sont habitués à la qualité de tes interventions et il ne faut pas décevoir.

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  3. Merci à tous les deux pour votre soutien. Ca compte beaucoup pour moi.

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