mercredi 25 mars 2009

Les mathématiques, quelle histoire!

 

Il faut aux vérités de la science de belles histoires pour que les hommes s'y attachent. Le mythe, ici, n'est pas là pour entrer en concurrence avec le vrai, mais pour le rattacher à ce à quoi les hommes tiennent et qui les font rêver.Denis Guedj.. 

Je commence cet article par la citation d'un auteur, Denis Guedj, qui m'a littéralement ouvert les yeux sur la façon dont je voudrais enseigner les mathématiques. J'avais déjà quelques années d'expérience derrière moi lorsque son livre "Le théorème du perroquet" s'est trouvé entre mes mains. Su le fond d'une aventure mystérieuse et passionnante, un philosophe  se prend, petit à petit, de passion pour les mathématiques qu'il croyait à jamais hors de sa compréhension. En découvrant les richesses  de la bibliothèque  de son ami mathématicien, le philosophe reconstruit et raconte à ses neveux la fascinante histoire des mathématiques. Les théorèmes défilent dans cette histoire mêles aux vies de  leurs auteurs, à leurs passions, amours, souffrances. 

En lisant ce roman je me suis demandé: mais pourquoi on ne raconte pas tout cela aux élèves des collèges et lycées dans les cours de maths? Pourquoi pas en prépas? En cycle ingénieur? Il n'est jamais trop tard!  Nous connaissons tous l'image que donnent souvent les mathématiques aux étudiants: trop froides, trop abstraites. On les utilise comme moyen de sélection à l'école et cela ne leur ajoute guerre d'attractivité. "Il faut réussir tes maths si tu veux t'en sortir". Pourquoi ne pas apprendre à les aimer? Et pour cela il faudrait commencer par attirer  de la curiosité. Comment? En puisant dans l'histoire, pourquoi pas? 

Trop "inhumaines", les maths? Si seulement on enseignait ces théorèmes en racontant l'histoire qui les entoure? Le théorème de Weierstrasse. Ça sonne presque comme un nom commun! Mais qui était ce Weierstrasse? Qui étaient tous ces personnages qui ont contribué dans le monde entier, à toutes les époques, à construire un patrimoine intellectuel unique au monde. Un magnifique travail de la pensée humaine qui a traversé toutes les barrières que l'humanité a tant de mal à franchir en général: les siècles, les frontières entre les pays, les cultures si différentes. Si l'on enseignait les mathématiques avec ne serait ce que quelques brins de leur histoire, ça leur donnerait peut être image plus "humaine". 

Cette science,  si parfaitement logique, semble être si loin de tout ce qui compose notre humanité: les sentiments, les passions, la tragédie, le rire. Et pourtant, certaines découvertes ont provoqué des passions les plus fortes, des hommes ont sacrifié jusqu'à leur vie pour quelques formules! Et combien d'anecdotes,  calembours et aventures on peut raconter à l'occasion d'un théorème? 

Tous cela est devenu pour moi une source inépuisable d'inspiration pour glisser une petite histoire, entre deux séries de calculs au tableau. Pas facile, en prépas! Le rythme très soutenu des cours ne laisse presque pas de temps pour "raconter des histoires". Et pourtant, si on essaie...  J'ai pu constater que les élèves apprécient en général une petite pause dans le cours, le temps d'une anecdote, d'un petit portrait d'un mathématicien dont on parle. Quelques petites minutes à peine, mais elles permettent de soufler, de réveiller une attention fatiguée, de détendre l'esprit un court instant. 

J'aime raconter des histoires.Des histoires drôles ou qui font rêver. J'aime voir les yeux des élèves sourire ou briller de curiosité, ne serait ce qu'un moment. Enseigner les maths c'est comme raconter une longue histoire, histoire sans fin. 

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Quelques sites de passionés que je visite, en préparant mes cours:

2 commentaires:

  1. Je suis totalement d'accord avec toi. J'ai lu un livre de Simon Singh qui fait de la vulgarisation autour des mathématiques et il transmet un intérêt à ces points si abstraits qui aide à s'imprégner du sujet et à en comprendre l'intérêt.

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  2. Merci. Ca prouve une fois de plus que s'écarter un peu d'un sujet particulièrement abstrait ou technique, difficile, pour en découvrir un aspect moins formel, n'est pas forcément une perte de temps dans l'enseignement.

    Cela permet aussi au prof de se retourner pour voir "vraiment" sa classe et repêcher éventuellement quelques âmes qu'on a perdues en chemin.

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