Cette après-midi je parcourais "Le Canard enchaîné" d'hier, 11 mars, dans le RER quand je suis tombée sur deux petits articles, placés côte à côte sur la dernière page et qui m'ont glacé le sang.
Le premier raconte l'histoire du groupe de collégiens de la région de Bordeaux qui sont venus à Paris le jeudi 5 mars pour une journée découverte dans le cadre de cours d'éducation civique. Après la visite du Louvre, de la Tour Eifel et de l'Assemblée Nationale, la journée s'est terminée pour eux par une leçon pratique imprévue. Tandis qu'ils attendaient leur TGV dans le grand hall de la gare Montparnasse un groupe d'étudiants manifestants est passé près d'eux. Les CRS sont arrivés de tous les cotés en chargeant sur les étudiants. Les collégiens, coincés au beau milieu de la bousculade, se sont pris des coups de matraque malgré les tentatives désespérées de leurs professeurs de prévenir qu'ils n'avaient rien à voir avec la manif.
Ils sont rentrés chez eux, choqués et avec des contusions. Et comme si cela ne suffisait pas, une dernière leçon leur a été servie par les communiqués officiels du ministère de l'intérieur. La ministre elle même a déclaré: "Je suis moi-même enseignante de formation, quand on a la charge d'un certain nombre de jeunes et notamment de très jeunes, on évite de les mettre dans des lieux où il peut y avoir des manifestations et des mouvements de foule"(source: NouvelObs ).
Alors finis les voyages scolaires en train car les gares ne sont plus des lieux fréquentables pour les enfants. Et si on pousse un peu, il faudrait déclarer le couvre feu dans les collèges et lycées interdisant tout rassemblement de plus de trois personnes pour éviter tout risque de manif dans les établissements fréquentés par les mineurs.
Juste à coté de cette histoire, je découvre qu'au Brésil, l'archevêque de Recife dom José Cardoso Sobrinho vient d'excommunier un groupe de médecins qui a avorté une fille de 9 ans tombée enceinte de jumeaux après avoir été violée par son beau-père à plusieurs reprises. On peut d'ailleurs lire aussi l'article du Monde consacré à ce sujet. Et le beau-père, lui, n'a pas été excommunié. Ce pauvre pécheur mérite, d'après l'archevêque, la compassion car il est contre l'avortement! Le pire péché, celui qui est au-dessus de tous les autres, est pour l'église celui d'enlever la vie. Je veux bien. Mais alors comment l'archevêque, cet homme de foi sensé être humaniste avant tout, peut il ainsi diminuer l'innommable commis par ce beau-père: il a déjà enlevé la vie à cette enfant en la violant. Les médecins, horrifiés par ce qu'ils ont vu, étaient formels: les organes d'une enfant de cet âge ne sont pas développés pour donner la vie. Cet homme n'a il pas condamné la petite fille à une mort quasi certaine, lente et douloureuse, en la mettant enceinte?
En lisant ces deux articles je me suis rappelée une citation entendue à la radio il y a quelques jours :"Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants". Un message écologique, oui. Mais ne devrait on pas dire la même chose de notre société? Nous, les grandes personnes, ce que nous faisons et ce que nous disons, nous le faisons devant nos enfants. Ils nous regardent, ils nous entendent et ils ne manqueront pas d'en tirer des enseignements. Mais lesquels?
Alors si j'avais 13 ans en lisant ces deux articles, que penserais je de l'Église et de la République? Je ferais comme la petite fille du court métrage de Pixar "L'Homme-orchestre" que je recommande chaudement. Je ferais ma propre musique.
J'apprécie beaucoup la conclusion de ton article je la trouve très intéressante et très synthétique.
RépondreSupprimerJ'avouerais que j'ai été plus choqué par l'histoire des CRS que par l'autre. Je pense que ça va avec l'ambiance moyenne pour les libertés civiles du moment. J'aurais également aimé entendre les mots du ministre de l'intérieur, ce sont bien ses hommes qui ont agressé sous couverts de mandats des personnes innocentes.
Merci pour le commentaire.
RépondreSupprimerC'est vrai, moi aussi j'ai été très choquée par l'histoire des collégiens à Paris. j'en croyais pas mes yeux en lisant les différents articles de presse que j'ai pu trouver sur le net à ce sujet.
Le pire pour moi c'est le cynisme sans bornes de la langue de bois dans les réponses de la ministre aux questions des journalistes. D'après elle, le seul problème rencontré est qu'une matraque est "entrée en contact avec l'estomac d'un des collégiens". (à écouter sur France Info: http://www.france-info.com/spip.php?article263174&theme=9&sous_theme=43). Autant ne rien dire tant qu'une enquête n'a pas été menée.
Bonsoir,
RépondreSupprimerCette histoire de collégiens brutalisés par des CRS est particulièrement choquante d'autant plus que, comme d'habitude, le Ministère de l'intérieur a commencé par nier l'évènement !
Non seulement on les tabassent mais en plus on les traitent de menteurs !!!
Mon avis est que la Police en tant que représentant de l'Etat devrait être irréprochable !
Elle peut faire des erreurs (des bavures) mais il faut qu'elle les reconnaissent et qu'elle les "payent" or sur cette affaire, à ma connaissance il n'y a eu ni excuses, ni sanctions !
Comment s'étonner ensuite que les "flics" ne soient plus respectés !
La collectivité n'a rien à gagner à ce que sa Police ne soit pas respectée, cela ne peut que faire le jeu de ceux qui ne la respectent pas elle même.