samedi 17 octobre 2009

Moi en compote à ramasser à la petite cuillère

Parfois l'enseignement est une activité terriblement éprouvante, physiquement.

Eh, oui! A première vue, on n'a pas l'air de se dépenser beaucoup, quand on est prof: on cause, on se promène gentiment entre les rangs. Et pourtant, il m'est arrivé plus d'une fois de finir une journée de cours complètement vidée, sans aucune force, comme si j'avais passé la journée à charger du charbon. Comment en arrive-t-on là?

Quand on fait un cours, il faut beaucoup d'énergie pour créer et maintenir une présence, pour pourvoir exister même pour les quelques élèves perdus au fond de la classe. Cet effort est invisible mais il est bien réel. Celui qui a déjà fait un cours en essayant de tenir la classe, le sait.

Quand votre public est suffisamment réceptif, quand il accepte de vous suivre, il vous faut juste un minimum d'énergie pour donner aux élèves l'impulsion nécessaire. Mais quand, au contraire, pour une raison ou une autre, la classe est ailleurs, elle ne veut pas savoir ce qu'on lui raconte, elle se transforme en une masse inerte et sourde, impossible à bouger. C'est là que le prof perd toute son énergie!

Vendredi dernier, j'en ai eu une n-ème illustration. Rien de plus difficile qu'une classe d'élèves fatigués par une journée chargée, à la fin d'une semaine bien remplie. Malgré la bonne humeur générale dans le groupe, l'épuisement et le relâchement général était bien perceptible. Et il fallait pourtant bien qu'on arrive à travailler encore 1h30 et sur des sujets pas très faciles. Au milieu de la séance je me suis même demandé si j'allais moi même tenir jusqu'au bout: je sentais mes forces m'abandonner littéralement.

On s'en est sorti tout de même, les élèves et moi. Mais il m'a fallu un week-end entier pour m'en remettre. Et c'est reparti pour un tour!

jeudi 15 octobre 2009

Elémentaire, mon cher Watson! C'est la conséquence directe du réchauffement climatique!

J'ai entendu hier sur France Inter un drôle de reportage dans l'émission "Et pourtant elle tourne".
Il était introduit comme une illustration des conséquences directes du réchauffement climatique. Les reporters de France Inter se sont rendus au Tchad, pays sévèrement touché par la sécheresse et la faim qu'elle entraine.

Première scène: un village au nord du lac Tchad. Un agriculteur explique que les cadavres des animaux que les journalistes ont aperçus le long de la route sont ceux du bétail, mort de faim et de soif. Depuis plusieurs années, le désert gagne du terrain, les pluies sont rares. Cet été a été particulièrement chaud et dévastateur. La nourriture manque aux hommes et aux bêtes. Et puis, il conclue: tout ça est la conséquence directe du réchauffement climatique, des émissions des gaz à effet de serre par les pays développés. Ce genre de discours, venant de ce brave homme surprend un peu. Conséquence directe? Comme ça, paff... un peu direct en effet, le raccourci, mais bon.

Et on entend ensuite le préfet de la région concernée qui explique que si le désert gagne du terrain c'est surtout à cause de déforestation massive des dernières années. Le bois est en effet la source d'énergie la plus facile et la plus accessible aux paysans. Alors ils coupent des arbres. Et pourtant, les réchauds à gaz sont subventionnés par l'état pour aider la population. Et le préfet de conclure : vous voyez, tout ça est la conséquence directe du réchauffement climatique . Là, on reçoit un coup dont a vraiment du mal à se remettre.

La dernière partie du reportage se passe au bord du grand lac Thad. Les pêcheurs constatent que le niveau d'eau a baissé, un viel homme nous dit que jadis l'eau était claire et la voilà polluée. La voix du reporter rajoute que la culture du maïs, gourmand en eau et donc irrigué, est un grave problème pour le lac. Et lui aussi, il conclut: c'est la conséquence directe du réchauffement climatique .

Loin de moi l'idée de nier que le Tchad, comme plusieurs autres pays africains, est gravement touché par la dégradation des conditions climatiques: la sécheresse, la pollution, le manque d'eau douce. Ce qui me révolte dans ce reportage c'est manière de traiter les faits: on met quelques tableaux qui choquent (animaux morts, manque de lait et de beurre pour les enfants) et on y colle en gros et en rouge clignotant le message, bien formaté :

conséquence directe du réchauffement climatique

Où est passée la logique la dedans? Quand on utilise le mot "conséquence" c'est qu'il y a du raisonnement, une déduction, une analyse au moins! Mais on vous dit:

"Mais non, mais non, chers citoyens, pas la peine! Surtout ne vous posez pas de questions, puisqu'on vous dit que c'est comme ça!


Descartes, Holmes, revenez!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

dimanche 4 octobre 2009

Ceux qui savent faire, font; ceux qui ne savent pas, enseignent.

Hier après-midi j'ai mis en pratique ce grand principe fondateur de la pédagogie de tous temps.

Lors d'une promenade au parc j'ai entrepris à apprendre à ma fille à faire du vélo sans les petites roulettes. Moi, qui arrive à peine à faire dix mètres en vélo!

Et pourtant, ça marche!

vendredi 2 octobre 2009

Maths ou Info?

J'ai eu ce midi une discussion très intéressante avec mes collègues professeurs d'informatique autour d' une question qui m'intrique depuis longtemps. J'entends souvent des élèves dire qu'ils sont assez bons en mathématiques mais que l'informatique n'est pas faite pour eux. Et en effet, certains élèves qui réussissent bien en mathématiques éprouvent de réelles difficultés en programmation la plus basique.

Je me demandais pourquoi de telles situations se produisent alors qu'il m'a toujours semblé que quelqu'un qui aime les maths devrait au moins se débrouiller assez facilement en algorithmique élémentaire et en programmation. Et pourtant...

J'ai eu ce midi une explication intéressante de ce phénomène. Mes collègues semblaient s'accorder sur l'idée que le raisonnement abstrait mathématique manipule des faits, des postulats, des théorèmes qui ont un caractère universel et surtout "éternel", une fois que leur vérité est établie. Cela donne à l'univers mathématique un aspect statique par opposition aux considérations algorithmiques, dans lesquelles les objets étudiés sont amenés à évoluer en permanence. Ainsi, les mathématiques ne nécessiteraient pas d'approche procédurale, séquentielle.
Cette idée me semble intéressante même si je ne suis pas totalement d'accord. En mathématiques appliquées, par exemple, la notion même d'algorithme est très présente. L'analyse réelle la plus simple introduit la notion de récurrence à travers les suites récurrentes et les équations aux récurrences. Toute la science de systèmes dynamiques est liée intimement à la notion d'algorithme. Sans parler d'analyse numérique, de logique computationnelle et de la théorie de complexité algorithmique, enracinée dans les mathématiques. Il serait trop simpliste de dire que les mathématiques excluent tout raisonnement procédural ( et mes collègues étaient d'accord la-dessus).

Néanmoins, cette hypothèse pourrait expliquer le fait que certains élèves, tout en étant à l'aise en mathématiques, on du mal avec des algorithmes.

Si là on tient la cause d'un mal, il reste à trouver comment le guérir...

jeudi 1 octobre 2009

"La folie a du bon!"

Parfois, comme AsTeR, je me dis que je devrais arrêter d'écouter la radio. Parfois, je me dis que certains jours il vaut mieux ne pas suivre mes propres conseils. Ce matin, sur France Inter, dans l'émission "Esprit Critique" j'ai appris qu'une exposition bien singulière se prépare à Paris. Il s'agit de l'exposition à ciel ouvert des photos de JR, des photos de son dernier projet, Women are heroes.

C'est la phrase de l'artiste lui même, interrogé par France Inter, qui m'a interloquée:
"Il faut faire faire quelque chose de fou pour pouvoir parler des gens aussi ordinaires".
Ce qu'il a déjà fait, rien que pour ce projet, est en effet complètement fou: il a collé ses photos sur les trains qui traversent les pays de l'Afrique, sur les murs des bidonvilles et les voilà sur les quais de l'Ile Saint Louis à Paris.

Ces photos qui nous renvoient les regards des femmes que l'artiste a rencontrées aux quatre coins du monde contrastent étrangement avec les images que nous avons l'habitude de croiser sur les murs d'une grande ville. Ces femmes ne sont pas là pour nous montrer de beaux dessous ou une voiture de luxe. Elles nous regardent, c'est tout. Elles existent. Loin d'ici, là où elles ne connaissent rien de la sécurité sociale, des comptes en banque, des voitures électriques, des budgets à trous, des soap opéras judiciaires tous les soirs à 20h00 ni même des glaces Bertillon!

Elles ne sont pas pour autant moins pleines de vie, d'espoir, d'amour, de malheurs. Elles font face à la vie avec courage, patience et dignité. Faut-il en parler? Oui! Rien que pour nous rappeler qui nous sommes et nous extraire ne serait ce qu'un instant du cocon étouffant de lavage de cerveau médiatique.

Si j'étais parisienne (un jour, sûrement!) j'irais la voir, cette exposition. J'espère pouvoir tout de même profiter de l'un de mes passages éclairs dans la ville de mes rêves pour y aller.


Je serais curieuse de voir quel effet ça ferait si on mettait en face de ces photos celles de "La Terre vue du ciel" de Y. A. Bertrand. Tout est un point de vue, après tout.