samedi 12 février 2011

Paradoxes d'école: la gartuité


Quand on pense à l'éducation en France, on a toujours deux mots à l'esprit: gratuite et obligatoire. La gratuité de l'école pour tous est une raison de fierté républicaine mais c'est aussi la cause de nombreux paradoxes.

Car l'école est tout sauf gratuite: donner une instruction de qualité aux générations entières du pays représente un coût colossal. Il n'a jamais été gratuit d'éduquer ses enfants. En France, ce coût est assumé par l'ensemble de la population au nom du principe de droit universel à l'éducation. C'est un formidable effort, généreux et solidaire, que la nation entière consent à faire depuis des siècles parce que le bien être du pays tout entier repose sur la transmission des connaissances d'une génération à l'autre , que le progrès et la paix ne sont possibles que si tout le monde a accès à éducation. Il n'est donc pas exact de dire que l'école est gratuite: elle est garantie et payée par l'état, au nom de toute la population. Mais, dit comme ça, c'est moins joli comme slogan...

La vraie-fausse gratuité de l'école provoque régulièrement dans la sphère politique du pays des psycho-drames, dès lors qu'il s'agit du budget de l'Education Nationale.

A droite, et tout particulièrement dans le gouvernement actuel, on se demande surtout comment quelque chose qui est gratuit peut coûter aussi cher. Le but du jeu est donc de sabrer le plus possible. Tout l'art consiste ensuite à trouver les bons tours de passe-passe pour que vous ayez l'impression d'être d'accord. Et c'est parti dans la farandole des explications aussi loufoques qu'insensées sur le nombre d'élèves en moins depuis 20 ans, le nombre de profs en plus, l'encadrement moyen de tant de profs pour 100 élèves, les mauvais résultats dans les rapports de l'OCDE. Conclusion: si on fait aussi mauvais avec autant de profs on peut faire pareil avec moins de profs. C'est un tour à deux balles!





A gauche (je caricature un peu), ce qui est gratuit est donné, et de bon coeur. Et quand on donne, on ne compte pas. Du coup, on reste crispé, dès qu'il s'agit d'analyser le budget d' l'EN et toute proposition d'une éventuelle réduction provoque des indignations aussi féroces que privées d'analyse concrète et objective de la question. Or, il me semble que si on admet que le budget de l'EN représente un effort réel de la population, que c'est de l'argent gagné dans la sueur des fronts et mis de coté pour le bien des générations futures il n'y a rien d'anormal de vérifier de temps en temps que cet argent est bien employé. Et il est bien employé si, même dans un village lointain les enfants ont une école et tous les moyens nécessaires pour qu'ils y apprennent bien et qu'ils y soient heureux, si les enseignants sont correctement formés pour faire leur travail et si l'école permet à chacun de se réaliser, de s'améliorer.


Toutes ces querelles budgétaires ne résoudront pas les problèmes de l'école. Il ne sert à rien de savoir s'il faut ajouter ou supprimer les postes si, depuis longtemps, on ne sait plus pour quoi faire...





lundi 7 février 2011

Pourquoi pas?


Nous sommes abonnés à la télé par satellite depuis plusieurs années. On a voulu s'en débarrasser, mais on a raté la date anniversaire de l'abonnement. Impossible de rompre le contrat en dehors de cette date, même en payant le reste dû.

Alors puisqu'on est forcés de rester fidèles encore un bon moment, on se dit de temps en temps qu'il serait pas mal de regarder un film, au moins. Mais une fois par mois on se retrouve devant un écran nous annonçant que si on veut continuer à regarder une chaîne à laquelle on est abonnés, on doit faire valider nos droits en appelant un numéro de téléphone (payant) et en attendant ensuite 30 minutes sur la chaîne en question.

Je me demande pourquoi ce n'est pas Ca*lSat qui doit nous appeler une fois par mois pour nous demander si on veut bien continuer à les payer?


mercredi 2 février 2011

Utopie



S'il y a une vielle habitude qu'on n'a pas perdue en Ukraine, c'est de causer politique, entre amis, autour d'une tasse de thé fumant. Un soir, il était question de politique internationale à table et un débat enflammé a commencé. Au bout de quelque temps, j'ai commencé à sentir qu'on tournait en rond: il restait un point sur lequel nos avis étaient diamétralement opposés et les positions des uns et des autres semblaient inconciliables. C'est à ce moment qu'un des convives s'est adressé à moi en disant:

" Tu comprends, nous , on est de simples gens, on sait peu de choses. Mais on s'intéresse et on regarde la télé. Là il y a des gens intelligents, comme il faut, ils savent mieux que nous. Ils nous expliquent comment sont les choses. Et on n'a pas le choix, on les croit. Nous savons qu'ils vous disent la vérité, et on les croit".

Ce sont des gens généreux, courageux, sympathiques que j'aime bien et que j'estime; ils se battent tous les jours pour survivre avec leurs familles dans un monde où il est de plus en plus difficile de gagner sa vie honnêtement.

Mais ce sont des gens qui votent. Décidément, la démocratie est une belle utopie!


Equité




J'ai grandi dans le monde construit sur les légendes de la révolution d'octobre. Notre héros était Vassili Chapaev, le grand guerrier de l'armée rouge. Il a défendu jusqu'à son dernier souffle sa patrie révolutionnaire, encore toute jeune; il a combattu à la tête de la cavalerie avec honneur et loyauté; il a donné sa vie pour la victoire et la gloire éternelles de son idéal, celui auquel il a cru: la Russie communiste. Petite, je connaissais par coeur le vieux film qui racontait son parcours glorieux et tragique, ses combats contre l'amiral Kolchak, le chef des Blancs. Dans ce film, l'armée rouge libérait, l'une après l'autre, les villes prises par les blancs, chassant les aristocrates et autres bourgeois et apportant aux peuples la liberté tant attendue; on y voyait les héros communistes, de simples soldats, des paysans et ouvriers, mourir avec honneur pour leur patrie, la Russie, fusillés par les blancs.

Aujourd'hui, dans le train qui m'amenait de Kharkov à Kiev, j'ai regardé un film récent russe qui a du succès, "L'Amiral". Il raconte l'histoire de Kolchak: ses débuts dans la flotte du Tsar, son grand amour, sa bravoure et ses talents militaires. C'était un homme d'honneur, loyal et patriote qui, renvoyé de la Russie par le gouvernement provisoire, est revenu après la révolution d'octobre pour combattre l'Armée Rouge et défendre ce qu'il avait de plus cher: sa patrie, la Russie. Dans ce film, l'armée de Kolchak libérait, l'une après l'autre, les villes prises par les rouges, apportant aux peuples la liberté tant attendue; on y voyait de simples soldats, des paysans et ouvriers, mourir avec honneur pour leur patrie, la Russie, tués sur le champs de bataille. on voyait aussi les officiers se faire massacrer avec leurs familles par les soldats révoltés, menés par les activistes communistes. Kolchak, loyal jusqu'au bout, n'a pas fui, quand il en avait encore le temps, alors que tout semblait perdu pour son armée: les rouges ont gagné. Il a donné sa vie pour la victoire et la gloire éternelles de son idéal, celui auquel il a cru: la Russie de l'ancien régime.


Pendant des années on a glorifié l'un, Chapaev, et blâmé son ennemi, Kolchak. Maintenant on voudrait faire l'inverse. Et pourtant, ils ont tous les deux été braves et donné leurs vies pour leur patrie commune, la Russie, pour ce qu'ils croyaient être le bien pour leur peuple. Ils ont tous les deux participé à une tuerie sans nom, sans gagnant ni perdant, qui n'a servi qu'à ruiner leur pays et soumettre leur peuple à une dictature aussi impitoyable que celle du Tsar. Sont ils si différents?


Ah, l'humanité!

Quand les chrétiens et les musulmans se retrouvent à la même table après les obsèques d'un membre de leur famille commune ils se parlent. Ils se souviennent que la personne qui n'est plus les aimait tout autant les uns que les autres et qu'ils l'aimaient aussi.

Ils se racontent leurs vies de simples mortels et découvrent qu'ils vivent des mêmes petites choses: leurs familles, leurs amis, leur travail, ils fêtent les mariages et les naissances, ils se retrouvent pour dire adieu à ceux qui les quittent à jamais. Une convive s'écrie :"Je ne savais pas que chez vous aussi on sait travailler autant pour gagner sa vie! Je croyais que..."

Ils se racontent les souvenirs des rituels funéraires de leurs villages et ils découvrent avec un étonnement sincère qu'ils pleurent leurs morts de la même façon, à quelques différences près. Savent ils que ces rites sont probablement bien plus anciens que leur différends de religion?

Mais pourquoi alors ces mêmes gens ont si peur les uns des autres dès qu'ils se retrouvent devant leurs écrans de télé ou leurs chefs qui leur expliquent qu'ils sont différents?

Ah, l'humanité!