mardi 29 juin 2010

Logo-rallye

Le logo-rallye est un jeu d'écriture qui consiste à composer un texte en y insérant une liste de mots imposés. L'exercice est d'autant plus difficile que l'ordre d'apparition des mots est imposé et que les mots choisis n'ont à première vue pas grand chose à voire les uns avec les autres.

Nous avons la chance d'assister à un concours national de logo-rallye dont le thème cette année est "La réforme des retraites". Les concurrents ont reçu les instructions suivantes: écrire un projet de réforme des retraites, en employant le plus possible les mots "juste" et "il faut faire payer les riches". Deux équipes s'affrontent en finale: l'équipe de gauche et l'équipe de droite.

Le projet de l'équipe de gauche se distingue par l'utilisation fort impressionnante du premier mot imposé: "juste". Il en a plus que de virgules dans le texte. Quant à la deuxième mesure imposée, l'exercice est fort délicat. L'équipe de gauche propose ainsi de taxer le capital: les bonus, les stock-options, les revenus du capital. S'agit-il toujours des mêmes bonus que la même équipe voulait faire interdire quelque temps auparavant? Et ce sont les mêmes stock-options et capitaux qui sont soumis à la spéculation des marchés, à la merci des fluctuations des humeurs hystériques, si ce n'est maniaco-dépressives, des places boursières? C'est curieux, car le projet avance quand même un chiffre : la taxation des valeurs spéculatives ( dont on ne sait même pas le prix de demain) va tout de même apporter tant de milliards d'ici 2025. Autre détail surprenant du projet: les 19 milliards cumulés en taxes diverses sur le capital se transforment en une phrase en 25 milliards, "compte tenu de la croissance". C'est de la même croissance qu'on parle, celle qui est en train de rouiller là, dans le coin? On voit pas très bien, mais je crois que c'est écrit "EN PANNE" dessus...

Mais malgré quelques détails techniques surprenants, le texte parvient tout de même à réussir un exercice de style difficile: transformer le diable en personne en une vache (à lait, sic) sacrée.

Du coté de l'équipe de droite, la difficulté n'est pas moindre. En y mettant les moyens l'équipe parvient tout à fait honorablement à couvrir le champs médiatique national avec le mot clé: "juste". Pour ce qui est de "faire payer les riches" c'est plus flou. Mais le flou artistique ici répond à un défi de taille: réussir à faire des appels de phares charmeurs en direction de la gauche, des syndicats et des populistes en tout genre, sans que le Capital ne se rende compte qu'il lui pousse du cerf sur la tête.

Dans les deux cas, nos deux équipes semblent décidées à prendre le taureau des retraites par les cornes. On attend avec impatience l'issue de cette corrida que l'on espère à la hauteur des défis.

Sinon, si dans les deux équipes il y a des volontés pour préparer un nouveau concours, on pourrait proposer un thème fort intéressant: la politique et les médias. Les mots imposés seront alors:

juste (ça c'est juste parce que c'est un mot tendance), impartial, non ingérence, humoriste, liberté de caricature, Radio France.

Ceux qui sont à court d'idées pourront s'inspirer des histoires vraies des uns et des autres.

mardi 15 juin 2010

Du temps de cerveau disponible



Il y a déjà quelques années une grande polémique a animé la société entière après la petite phrase lâchée par le PDG de TF1 Patrick Le Lay:

Mais dans une perspective 'business', soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit.
[…]
Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible.

Mais cette petite idée n'a pas fait que crier de rage et d'indignation certains. D'autres oreilles, plus discrètes l'ont très bien entendue. Et là, EURÊKA! Si le vendeur de boisson en profite, de ce temps de cerveau, pourquoi pas le gouvernement!? Et c'est parti pour les campagnes d'annonces de gouvernement en tout genre.

Avec les fruits et légumes ça a bien marché! La grande distribution et l'industrie agro-alimentaire se sont engouffrés dans le boulevard, si généreusement offert!, en s'"engageant" à nous procurer la formule magique à petits prix. 5 fruits et légumes par jour à moins de 1 euro! A ce prix là même les nitrates, pesticides et autres saletés dont ils sont bourrés, ces fruits, sont bons pour la santé publique. Merci Patrick Le Lay!

Mais bon on ne va pas en rester là avec des messages de santé publique! On a une réforme des retraites à faire passer et ça risque d'être dur à avaler. Voici qu'arrivent à rescousse les professionnels de la pub, un peu désoeuvrés après la suppression de la pub à la télé publique. C'est surtout pour maintenir l'emploi dans le secteur publicitaire qu'on réalise à grands frais une nouvelle campagne de publicité pour la réforme de retraites 2010. On y voit défiler des images gentilles de gens simples et heureux, et une voix céleste nous parle avec pédagogie des engagements du gouvernement pour les retraites, en utilisant beaucoup la première personne en pluriel: "nous". Et chaque spot se termine par "Réussissons une réforme des retraites juste".

Quand vous vous serez réveillé vous aurez tout à fait l'impression d'avoir été assosié à un grand débat sur la question et vous aurez l'impression d'avoir réussi, ensemble avce les autres, une réforme juste.

Quand on cherche à ce que la réforme soit perçue comme absolument juste rien ne vaut quelques secondes de temps cerveau disponible!


vendredi 11 juin 2010

Frénésie sportive




Cinq minutes de France Info hier matin sur le chemin de la gare TGV ont suffit pour m'amuser! Difficile, ces jours derniers, d'éviter un commentaire sur la couleur de lacets des chaussures de rechange des joueurs de l'équipe de France de football. Le pays tout entier vibre au rythme des pas des bleus sur la terre lointaine de l'Afrique du Sud. Et voilà qu'on entend un reportage intéressant: les grands événements sportifs, à savoir le mondial de foot et les jeux olympiques, font bondir les ventes de toutes sortes d'appareils de haute technologie, et surtout de téléviseurs. Et voilà que part la petite phrase qui fait sourire: "la frénésie sportive des français fait grimper les ventes de téléviseurs".

Vraiment sportive, la frénésie! Car il est question du véritable sport national: regarder les autres suer affalé sur son canapé devant l'écran plat dernier cri.

Une chose est sûre: ça fait maigrir.... le portemonnaie.


jeudi 10 juin 2010

Avez vous une question à poser à un avocat?


J'ai découvert dans le Canard enchaîné du 2 juin dernier une note intéressante sur la promotion faite par le site avocats.fr d'un programme de renseignements automatique. "On a tous au moins une question à poser à un avocat" dit le slogan juste à coté d'une petite fenêtre de chat qui invite à poser une question. Les exemples d'essais cités par le Canard étaient si incroyables, que je n'ai pas résisté à la tentation de poser une question moi même.


Sur le site, plusieurs vidéos font la promotion du système


Combien ça me couterait de poser une question ? from Conseil National des Barreaux on Vimeo.


Eh bien, puisque le conseiller virtuel semble être gratuit, je la lui pose, la question. Et voilà ce qu'il me répond:

  • combien coûte un avocat?
  • Dès le 1er rendez-vous avec un avocat, n'hésitez pas à aborder avec lui le coût de sa rémunération. Cela posera les bases claires qui favorisent la confiance. Il existe plusieurs modalités de rémunérations, libres et déterminées en accord avec le client: l'honoraire au temps passé, l'honoraire forfaitaire, l'honoraire de résultat, et l'abonnement. Souhaitez-vous en savoir plus ?
La réponse me laisse sur ma faim. Mais je ne renonce pas pour autant! Voici un petit extrait de cette conversation avec un esprit supérieur:
  • que faire en cas de cambriolage
  • Désolé, je n'ai pas compris votre question. Pouvez-vous la reformuler, ou bien préférez-vous être dirigé vers l'annuaire pour entrer en contact avec un avocat?
  • mon employeur refuse de payer les heures supplémentaires
  • Votre employeur peut vous obliger à effectuer des heures supplémentaires, dans la limite du contingent conventionnel ou légal autorisé et en respectant les dispositions légales sur les durées maximales du temps de travail et sur la législative relative au repos. Souhaitez-vous plus d'informations sur ce sujet ?
  • pourquoi vous ne savez rien?
  • Je n'ai sûrement pas saisi votre propos et je vous prie de m'en excuser. Je vais travailler pour essayer d'éviter que cela ne se reproduise. Souhaitez-vous en savoir plus ?
La réponse la plus fréquente est "Je n'ai pas compris... Voulez vous contacter un avocat?". Si le but du système est de mettre la personne en relation avec un avocat, autant proposer directement de faire une recherche (plus ou moins intelligente) dans l'annuaire des avocats. Si l'intention ( aussi louable qu'elle puisse être) était de rendre un service aux visiteurs du site en proposant des réponses à des questions simples, c'est totalement raté. Il suffit de s'amuser quelques minutes avec Akinator , par exemple, pour se rendre compte de ce qu'il est possible de faire aujourd'hui avec un système expert bien conçu. A coté de cela le conseiller virtuel des avocats.fr paraît totalement ridicule et sa présence sur le site ne fait pas que du bien à l'image des avocats.


Mais faut-il reprocher au Conseil National des Barreaux d'avoir mis au point un système aussi minable? Ce ne sont pas les avocats qui ont conçu et programmé le conseiller virtuel qui ne sait rien. Ils ont dû payer quelqu'un pour le faire... et ils se sont fait avoir.

Cela m'amène à poser une question à propos des rapports que la société a avec l'informatique. Qu'est ce que fait que la chose informatique a encore une image très forte de



J'ai ma petite idée que je vais vous raconter dans un billet suivant.


mercredi 9 juin 2010

La saison des copies


Il pleut des copies chez moi.

La maison en est inondée.

Au secours, je me noie!...


Gloup... Gloup.... Gloup

mardi 1 juin 2010

Facebook, les moutons et le méchant loup.



Voilà qu'une vague d'indignation sans précédent se lève dans les médias contre Facebook. On découvre soudainement que Facebook ce n'est pas bien!

Vous vous rendez compte, de méchantes personnes (chut... des pédophiles!) se cachent sur Facebook sous des pseudos et menacent nos enfants! Vous entendez, nos enfants! C'est dangereux ça! On ne peut pas les reconnaître! Parce que, voyez vous, dans la vraie vie, quand on sort dans la rue, on les reconnaît facilement. Ils portent tous une pane carte, bien en vue :"Attention! Pédophile dangereux et méchant ". Et dès qu'on en voit un on prend tout de suite des précautions. Ah, oui, absolument.

Et puis, plus grave encore, Facebook ne protège pas nos données personnelles?! Mais c'est incroyable! Quel scandale! Dans la vraie vie, on a tous des centaines d'amis, c'est normal. Quand on pense à tous les voisins, et aux collègues de travail et au fringin de la copine du collège, et au boulanger qui était au coin de la rue dans notre ancien village. Et de vrais amis, hein! On connaît leurs noms et tout! De vrais amis! On partage tout avec eux! On affiche tous nos photos en slip dans l'entrée de l'immeuble et on a jamais de problèmes. C'est protégé. Bin oui, bien sûr, parce que c'est personnel!

Alors c'est Facebook, le méchant loup de l'histoire? Le loup qui se fait passer pour le berger? Il n'est pas le premier ni le dernier. Facebook ne fait que tirer profit du bon vieil instant de troupeau: ceux qui découvrent aujourd'hui, hélas à leurs dépens, qu'ils sont le dindon de la farce des réseaux sociaux, sont ceux qui sont venus là sans vraiment savoir pourquoi. Juste parce que "tout le monde a un compte Facebook".

Seulement le méchant loup n'est plus tout seul à roder autour du troupeau. Je ne serai pas étonnée si, comme par enchantement, de la vague d'indignation sortent de gentils réseaux sociaux, honnêtes et désintéressés (sic). Ils appelleront les pauvres brebis égarées:

"Venez par ici! On protégera vos données personnelles, on est là pour ça!".

Et le troupeau suivra....