Le logo-rallye est un jeu d'écriture qui consiste à composer un texte en y insérant une liste de mots imposés. L'exercice est d'autant plus difficile que l'ordre d'apparition des mots est imposé et que les mots choisis n'ont à première vue pas grand chose à voire les uns avec les autres.
Nous avons la chance d'assister à un concours national de logo-rallye dont le thème cette année est "La réforme des retraites". Les concurrents ont reçu les instructions suivantes: écrire un projet de réforme des retraites, en employant le plus possible les mots "juste" et "il faut faire payer les riches". Deux équipes s'affrontent en finale: l'équipe de gauche et l'équipe de droite.
Le projet de l'équipe de gauche se distingue par l'utilisation fort impressionnante du premier mot imposé: "juste". Il en a plus que de virgules dans le texte. Quant à la deuxième mesure imposée, l'exercice est fort délicat. L'équipe de gauche propose ainsi de taxer le capital: les bonus, les stock-options, les revenus du capital. S'agit-il toujours des mêmes bonus que la même équipe voulait faire interdire quelque temps auparavant? Et ce sont les mêmes stock-options et capitaux qui sont soumis à la spéculation des marchés, à la merci des fluctuations des humeurs hystériques, si ce n'est maniaco-dépressives, des places boursières? C'est curieux, car le projet avance quand même un chiffre : la taxation des valeurs spéculatives ( dont on ne sait même pas le prix de demain) va tout de même apporter tant de milliards d'ici 2025. Autre détail surprenant du projet: les 19 milliards cumulés en taxes diverses sur le capital se transforment en une phrase en 25 milliards, "compte tenu de la croissance". C'est de la même croissance qu'on parle, celle qui est en train de rouiller là, dans le coin? On voit pas très bien, mais je crois que c'est écrit "EN PANNE" dessus...
Mais malgré quelques détails techniques surprenants, le texte parvient tout de même à réussir un exercice de style difficile: transformer le diable en personne en une vache (à lait, sic) sacrée.
Du coté de l'équipe de droite, la difficulté n'est pas moindre. En y mettant les moyens l'équipe parvient tout à fait honorablement à couvrir le champs médiatique national avec le mot clé: "juste". Pour ce qui est de "faire payer les riches" c'est plus flou. Mais le flou artistique ici répond à un défi de taille: réussir à faire des appels de phares charmeurs en direction de la gauche, des syndicats et des populistes en tout genre, sans que le Capital ne se rende compte qu'il lui pousse du cerf sur la tête.
Dans les deux cas, nos deux équipes semblent décidées à prendre le taureau des retraites par les cornes. On attend avec impatience l'issue de cette corrida que l'on espère à la hauteur des défis.
Sinon, si dans les deux équipes il y a des volontés pour préparer un nouveau concours, on pourrait proposer un thème fort intéressant: la politique et les médias. Les mots imposés seront alors:
juste (ça c'est juste parce que c'est un mot tendance), impartial, non ingérence, humoriste, liberté de caricature, Radio France.
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