samedi 5 décembre 2009

Les mathématiques responsables de la crise financière: "qu'on leur coupe la tête!"


Je viens de découvrir dans "Le Monde" daté du 5 décembre une bien curieuse analyse du phénomène qui préoccupe depuis un moment des universitaires de tous les domaines scientifiques en France, et des mathématiciens en particulier. Il'agit du désintérêt apparent des étudiants pour les disciplines scientifiques en général. Les mathématiques en France commencent à ressentir également une perte significative des effectifs dan les formations de niveau master et plus. Oui, en effet, il y a de moins en moins d'étudiants qui se décident de se lancer dans les formations débouchant sur les métiers de l'enseignement et recherche en mathématiques. Mais pourquoi? L'auteur de l'article expédie rapidement la liste des causes déjà plus ou moins connues :
"Cursus long et difficile, incertitude sur les futures ouvertures de postes dans la recherche publique et l'enseignement supérieur, salaires médiocres... les écueils ne manquent pas".
Et comme si tout cela n'était que trop banal, l'auteur de l'article cite M. Jean-Pierre Bourguignon, directeur de l'Institut des hautes études scientifiques (IHES):
"Il y a chez les jeunes une vraie interrogation sur la manière dont la science au sens large façonne la société et sur la manière dont la société a, ou n'a pas, le contrôle sur ces changements. C'est en somme une question d'acceptabilité de la science."


Alors les mathématiques seraient moins acceptables de nos jours, en tout cas pour certains, car elles seraient responsables de la crise financière! Ça, c'est intéressant! Le voilà donc, le coupable! Le mathématicien fou qui, depuis son sombre bureau, a conçu ce plan diabolique! C'est lui qui a eu cette idée formidable de vendre des crédits par millions aux familles insolvables! Lui qui, tel un sorcier, un mijoté dans ces marmites des recettes bien fumeuses pour cacher les crédits moralement pourris dans de bons produits financiers, à l'air tout à fait honnête et respectable. Mais qu'on lui coupe la tête!

Est ce là, la cause de désaffection pour les mathématiques de jeunes et purs étudiants? Seraient ils trop dégoûtés par cette science traitresse et immorale qui s'est vendue aux méchants capitalistes et sert à leur côtés à appauvrir le monde? C'est curieux, car l'armée et l'industrie militaire ne connaissent pas de telles fuites de candidats désireux d'apporter leur part de labeur à l'extermination de l'humanité.

D'ailleurs, l'auteur lui même doute que la cris financière y soit pour quelque chose, en soulignant que ce sont justement des formations en mathématiques financières qui ont un grand succès en ce moment. Il en profite tout de même au passage pour citer une suggestion pour le moins surprenante de Philippe Camus, président d'Alcatel-Lucent:
"il serait bénéfique que les mathématiciens prennent l'initiative de se doter d'un organe qui serait en quelque sorte leur autorité morale. Après tout, plusieurs disciplines scientifiques disposent d'un comité d'éthique à même d'apprécier, voire de corriger, leur impact sur la société".

C'est comme si on demandait à la profession d'artisans couteliers de moraliser la fabrication de couteaux de cuisine sous prétexte qu'un couteau de cuisine peut blesser celui qui l'utilise ou, pire encore!, servir à tuer son prochain. Et ça, voyez vous, c'est immoral! Le résultat le plus logique serait que le couteliers se mettent à fabriquer des couteaux qui ne coupent pas.


3 commentaires:

  1. Faire des maths dans une optique d'utilité commune (et non personnelle et artificielle) et de servir la science, telle est la voie de la sagesse ! Vive SNHP :)

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  2. Le comité ethique des maths fallait réussir à le caser ! C'est superbement novlangue comme concept !

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  3. @Geoffrey : de nos jours, la voie de la sagesse est peut être de ne pas faire des maths du tout;-) Mais, c'est tellement beau! Alors soyons fous, allons faire des maths!

    @AsTeR : tu as raison, je ne vois vraiment pas ce que la morale vient faire dans les maths!

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