J'ai longtemps hésité à créer un blog. Et me voilà lancée. Deux événements m'ont donné l'idée.
Le premier est dans tous les journaux: la réforme des universités. C'est justement en lisant le grand dossier consacré à ce sujet dans "Le Monde" daté du 19 février que j'ai ressenti comme un malaise. Les chercheurs qui ont écrit des articles dans ce dossier sont tous indignés, et je trouve à juste titre, par le discours du Président du 22 janvier dernier. Une mesure en particulier est au centre des débats: l'évaluation des enseignants-chercheurs pour permettre une modulation des charges d'enseignement. Beaucoup de choses ont été dites sur le fait que cela ne fait qu'ajouter une évaluation de plus à des dizaines de procédures, longues et absurdes le plus souvent, dont font l'objet les chercheurs aujourd'hui. Je n'ai rien à y rajouter.
Ce qui m'a frappée c'est la solution envisagée par le décret pour les "mauvais chercheurs" : on leur imposerait une charge d'enseignement supplémentaire. C'est là que j'ai eu envie de bondir! L'enseignement à l'université serait donc une punition! Les classes remplies d'étudiants en quête de leur futur sont des sortes de bagnes où on envoie les chercheurs déchus! Donner cette image au métier d'un professeur c'est signet l'arrêt de mort de la pédagogie à l'université.
Je n'enseigne pas dans une université, mais dans une école d'ingénieur. Mais j'ai tout de même envie de dire ce que je pense de l'enseignement supérieur et de défendre ce qui me semble disparaître des débats : le métier, le savoir faire, la vocation d'un enseignant pédagogue. ce sera donc le premier thème de mes réflexions dans ce blog.
Le deuxième événement était une question qu'on m'a posée il y a quelques jours. "Est ce vrai qu'on peut confier un cours à un professeur qui n'est pas déjà expert dans le sujet traité? ". La réponse à cette question n'est pas simple. Et elle fera certainement objet de plusieurs articles. Mais la question même m'a révélé quelque chose: l'énorme rideau de fumée qui sépare le monde des étudiants de celui des professeurs. Nous ignorons tant les uns des autres! Et cette ignorance est comblée par un assemblage de contre-vérités, des idées reçues, des images, des généralisations hâtives. Alors j'ai eu envie de réfléchir la dessus. Le but n'est pas de révéler ici tous mes secrets professionnels. Mais de mieux faire connaître ce que c'est d'être professeur.
Je vais donc raconter ici la façon dont je vie ce qui est devenu pour moi plus qu'un travail: ma passion d'enseigner les maths.
Content de te voir ouvrir ce blog. J'espère qu'on y trouvera plein de reflexion intéressante. Je pense que la démarche du contrôle sur les enseignants chercheurs est l'approche typiquement française de faire du vrai cas par cas, qui se traduit juste par un imbroglio administratif. Je dinais avec des bloggueurs hier, et l'un d'eux m'a parlé de "Cet Etat Qui Tue La France" où il était écrit qu'en France on créait systématiquement une commission par problème.
RépondreSupprimerJe pense qu'avant de vouloir contrôler des résultats, ce qui en soit ne me parait pas si mauvais que ça, il faudrait redonner un cadre de qualité au milieu de l'enseignement, en particulier universitaire, que ce soit pour les élèves ou les professeurs. Je pense également que même avec cette évaluation les enseignants chercheurs resteront toujours des fonctionnaires, avec ce que cela implique.
Ravie de te voir parmi mes lecteurs!
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi sur le fait qu'il est absurde d'inventer maintenant les moyens d'évaluer les universitaires alors que rien n'a été vraiment fait pour permettre d'organiser correctement leur travail.
Quant au fait que les universitaires sont des fonctionnaires, c'est vite dit. Ils sont nombreux à être conscients et fiers de participer à un service public, garanti par l'état. Jusqu'à présent, ils voyaient dans ce statut particulier la garantie de leur liberté de penser et de faire des recherches. Ce principe n'a pas que des défauts à mes yeux. Seulement cette liberté est en train d'être piétinée sous leurs yeux et ceux des caméras des médias. Et les problèmes de fond restent au fond.
J'en parlerai certainement encore plus tard.
Oui, les arguments de la liberté de penser et d'agir me semblent valables, néanmoins c'est malheureusement corrélé avec une absence de responsabilité totale et aussi un financement par l'impôt.
RépondreSupprimerOn attend la suite maintenant !
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