jeudi 21 juillet 2011

De la langue de bois "scientifiquement correcte"?



En prenant mon café hier à l'ENSTA où je travaille en ce moment, j'ai feuilleté la brochure intitulée "2010, une année avec le CNRS. Rapport scientifique". A la page 4 je parcours l'entretien avec J. Bertrand, directeur général délégué à la science. La première question posée par le journaliste est "Quels sont les faits scientifiques marquants que l'on peut retenir en 2010? ". La réponse qui s'étale sur un gros paragraphe, m'a sidérée! Ce directeur général délégué à la science nous parle du nouveau contrat d'objectifs signé avec l'état, des "actions structurantes", des "financements des projets exploratoires", de création de groupements" etc. Et juste tout à la fin il tient à remercier les équipes de scientifiques qui ont obtenu des résultats remarquables et, tout particulièrement, les mathématiciens C. Villani et N. B. Châu qui ont obtenu la médaille Fields.

Pas un mot, au fait, sur les faits scientifiques marquants de l'année. Il n'a même pas précisé pour quels travaux les deux mathématiciens ont obtenu leurs médailles. Cela ne semble pas avoir une importance pour la direction de la recherche nationale?


mercredi 13 juillet 2011

Je ne crois pas au réchauffement climatique



On peut entendre ou lire, ça et là, des phrases comme « … ces climato-sceptiques qui ne croient pas au réchauffement climatique… ». Eh bien, je n’y crois pas, moi.

Parce que je n’ai pas à y croire. La climatologie n’est pas une religion, c’est une science. Et la question n’est pas de croire ou ne pas croire. La question est de savoir ou ne pas savoir. La climatologie n’est pas non plus une démocratie où on se met d'accord pour décider ce qui sera la vérité. Le terme « consensus scientifique sur le climat » n’a à mes yeux aucun sens. Le mot « consensus » désigne une décision ou un accord général, sur une décision admise par une large majorité. C’est un terme du monde politique. En science, même si un grand nombre de scientifiques pensent qu'une thèse donnée est très probablement vraie, elle restera avec un statut de conjecture tant qu'elle n'est pas prouvée de manière irréfutable. Il l'histoire de la science en connaît plein, des conjectures qui ont duré des siècles.

Si consensus sur le climat il y a, il est surtout politique, pas scientifique. Et c’est normal. A l’état des connaissances scientifiques actuelles sur l’évolution du climat il est normal que les pays débattent et prennent des décisions communes. Ces décisions sont le fruit de longues négociations qui sont loin de prendre en compte seulement les arguments purement scientifiques. Mais pourquoi alors il faut absolument qu’on nous présente ces décisions comme un « consensus scientifique » ? Parce que ça donne à la chose un semblant de caractère objectif : « puisque les scientifiques l’ont dit !.. » et masque les habituels calculs d’épicier et les rapports de force entre les lobbyings pro-ceci ou anti-cela.

Le danger d’une telle « étiquette scientifique » est qu’elle fausse totalement la perception du problème par l’opinion publique, tue le débat démocratique et nuit gravement au développement scientifique.

A partir du moment qu’on a déclaré haut et fort qu’il y a « consensus scientifique » sur les causes du réchauffement climatique et sur les mesures à prendre, toute recherche scientifique qui pose le problème autrement, qui cherche d’autres explications possibles, qui explore d’autres aspects du phénomène, est regardée d’un mauvais œil, avec méfiance et considérée comme inutile puisqu’on sait déjà tout : la cause du réchauffement est le CO2. Et il va y avoir des journalistes et profs de philo pour vous expliquer que

«

Non, les climato-sceptiques n’ont pas un « rôle important à jouer dans le débat », car il n’y a plus de débat dans la communauté scientifique sur la question du réchauffement climatique.
. »

et traiter tous ceux qui osent douter de la thèse officielle de « négationnistes ». Or, ce n’est pas la certitude qui fait progresser la connaissance mais le doute, justement. Chasser ceux qui doutent c’est tuer la jeune science climatologique dans son berceau.

L’opinion publique occidentale, dressée à faire confiance à la science qu’elle ne comprend pas, accueille le discours avec bienveillance. Ca n’a pas l’air sorcier, tout le monde peut comprendre : la planète se réchauffe, c’est un peu (beaucoup) notre faute, mais on peut encore réparer : il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et c’est justement là qu’intervient la petite phrase magique qui endort votre propre esprit critique et fait de vous un parfait volontaire obéissant : « puisque les scientifiques l’ont dit ». Le phénomène n’est pas nouveau, on connaît l’effet de l’autorité de la science depuis les expériences de Milgram.

Imaginez que vous êtes face à un tsunami qui vous fonce dessus. Vous le percevez au loin, à l’horizon. Vos dirigeants de tout bord et surtout les gentils écologistes, vous disent : « Surtout ne bougez pas ! ». Parce que les scientifiques pensent que le tsunami a été provoqué par les vibrations des pas de tous les humains de la planète. On est trop nombreux et on marche trop ! Alors tout ce qu’il y a à faire c’est de ne pas marcher ou le faire le moins possible. Tous ensemble, pour sauver la planète, ne bougeons pas ! Vous faites quoi ?